Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/247

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contre l’Iduméen, le courtisan de Rome. Ils surent le faire sans danger, en appliquant, par des artifices de rhétorique, les menaces des prophètes contre le peuple iduméen à Hérode et à sa famille. Sous prétexte d’interprétation de l’Écriture sainte, les docteurs pouvaient exprimer impunément leurs secrètes pensées.

Parmi les pharisiens les plus hostiles à Hérode et aux Romains, se distinguaient surtout Juda ben Tsippori et Matthia ben Margaloth. Lorsque le bruit de l’agonie du roi arriva à leurs oreilles, ces docteurs, aimés de la jeunesse, la poussèrent à jeter bas l’aigle d’or dont il avait surmonté le portail du temple et qu’ils considéraient comme une profanation du sanctuaire. La nouvelle de la mort d’Hérode, qui s’était répandue dans Jérusalem, favorisait l’entreprise. Aussitôt les jeunes disciples accoururent au temple armés de haches, se hissèrent au-dessus de la porte à l’aide de cordages et abattirent l’aigle d’or. A la nouvelle de cette émeute, les soldats d’Hérode marchèrent contre les jeunes gens ; quarante d’entre eux et les deux chefs furent pris. A la vue des victimes offertes à sa colère, l’énergie du vieux roi se réveilla. Pendant l’interrogatoire des coupables, il dut pourtant entendre des paroles qui lui prouvèrent son impuissance à briser la volonté du peuple. Les accusés avouèrent sans crainte ce qu’ils avaient fait et ils s’en vantèrent. On leur demanda qui les avait poussés à cet acte : La Loi, répondirent-ils. Hérode les fit tous brûler vifs.

Mais la justice divine n’allait pas tarder à s’appesantir sur Hérode et à le flageller plus durement que la voix vengeresse des docteurs (le livre de Kohéleth ou l’Ecclésiaste, qui parut à cette époque, n’est autre chose qu’un virulent et ingénieux pamphlet contre Hérode). La dernière joie qu’il éprouva, avant de succomber à son horrible mal, fut en même temps pour lui un véritable supplice. Auguste lui fit savoir qu’il lui permettait de châtier à son gré le misérable Antipater. Le plaisir de la vengeance calma pour un moment les souffrances d’Hérode ; mais aussitôt ses douleurs devinrent si vives qu’il faillit en finir avec la vie en se donnant la mort à coups de couteau. Son parent Achiab lui arracha l’arme des mains. Les gémissements qui éclatèrent dans le palais parvinrent aux oreilles d’Antipater, dans la prison où il était retenu. Antipater se remit à espérer d’avoir la vie sauve ; il supplia son geôlier de le