Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/260

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eût eu jusqu’alors à permettre la violation du sabbat en temps de guerre, les schammaïtes déclarèrent formellement que, si l’on avait commencé le siège d’une place avant le jour du sabbat, on pouvait continuer les opérations sans aucun égard pour la sainteté de ce jour. Cette interprétation avait pour auteur Schammaï lui-même, chez qui la haine du païen était plus forte encore que le rigorisme religieux.

Les schammaïtes comptaient de nombreux partisans et dans le Sanhédrin et dans le peuple ; leur absolutisme religieux et leur haine du paganisme trouvaient plus d’écho que la modération et la douceur des hillélites. Aussi les premiers eurent-ils toujours la majorité et purent-ils faire prévaloir leurs décisions. Cette école donna naissance à un parti qui, s’il avait triomphé, attrait excité l’admiration universelle, mais que sa défaite couvrit de honte. Ce même Juda le Galiléen, qui, après la mort d’Hérode, avait provoqué un soulèvement, s’associa avec un pharisien nommé Saddoc, pour fonder un parti religieux et républicain, qui prit le nom de parti des Zélateurs (Kannaïm) ou des Galiléens. Le mot d’ordre donné par Juda au nouveau parti, et accepté avec empressement par Saddoc, était celui-ci : Obéir aux Romains, c’est violer la loi divine ; Dieu seul est maître, et seul doit être obéi. Chacun doit donc consacrer toutes ses forces, sacrifier tous ses biens pour combattre ceux qui, prétendant se substituer à Dieu, exigent des Judéens l’obéissance. On proclama, comme type du vrai zélateur, ce Phinéas, qui seul jadis, en face d’une nation oublieuse de son devoir, avait armé son zèle pour Dieu en poignardant le chef de tribu Zimri. L’État judaïque doit être une république, avec Dieu pour chef et la Loi pour constitution. — Ces principes, clairs pour tous, devaient rencontrer d’autant plus d’adhésion que le joug romain pesait plus lourdement sur le peuple. Hommes faits et jeunes gens s’enthousiasmèrent pour ce noble but, la conquête de la liberté. Le parti des zélateurs, d’abord exclusivement composé de schammaïtes, grossit de plus en plus avec la tyrannie croissante des Romains.

Dès que parut l’édit de Quirinius, ordonnant à tout Judéen de déclarer le nombre des gens de sa famille, la quotité de ses terres et de ses biens, les chefs des zélateurs donnèrent le signal d’une