Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/29

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puissance de sa parole, et aussi, même sur les grands et les riches, l’influence d’une mercuriale faite au nom de la Thora, qu’ils promirent séance tenante non seulement de relâcher les personnes détenues comme esclaves, mais de restituer maisons, champs et jardins à leurs propriétaires ; bref, de renoncer à leurs créances. Mettant à profit cette disposition favorable, Néhémie fit jurer aux riches qu’ils tiendraient leurs promesses.

La Loi, dignement représentée par Néhémie, venait de remporter là une belle victoire sur l’intérêt personnel. Du reste, le gouverneur judaïte donnait lui-même à tous l’exemple de l’abnégation, du désintéressement le plus complet. Non seulement il n’acceptait point les prestations qui lui étaient dues, mais il faisait encore des avances aux pauvres en argent et en blé, et, s’ils ne pouvaient payer, il leur faisait remise de la dette. Sa famille et ses serviteurs se distinguaient par le même désintéressement, par la même générosité.

C’est grâce à cette conduite que Néhémie put triompher de tous les obstacles qui rendaient si difficile le rétablissement de l’ordre public. Pour les grands comme pour le peuple, sa parole faisait loi. Assez de difficultés, cependant, restaient encore à vaincre. Les murs terminés, les portes mises en place, on s’aperçut que les Lévites, gardiens de ces portes, et même les Lévites des trois classes en général, manquaient. Privés de leurs dîmes pendant toute la période de ruine, ils s’étaient éparpillés dans le pays. La population de la ville était d’ailleurs clairsemée, nombre de maisons étaient détruites ou désertes. Il importait de repeupler Jérusalem[7] et de pourvoir le temple de desservants.

A tous ceux qui avaient abandonné Jérusalem pour cause d’insécurité ou qui, dès le principe, s’étaient domiciliés dans les villes de province, Néhémie adressa probablement un appel pour les inviter à se fixer dans la capitale. Beaucoup des principales familles s’y offrirent spontanément. Mais le nombre de ces volontaires ne suffisant pas à peupler raisonnablement Jérusalem, il fut décidé que le dixième de la population provinciale, désigné par la voie du sort, serait tenu d’y transférer sa demeure. Cependant Néhémie n’estimait pas que chacun fut digne de devenir membre de la sainte cité. Il n’admettait pas surtout que ceux-là