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CHAPITRE XV


LES HÉRODIENS. — AGRIPPA Ier. — HÉRODE II.
(37-49)


Lorsque l’empereur Tibère fut mort assassiné (16 mars 37), et que le sénat se berça un instant du doux rêve de recouvrer l’antique liberté, Rome ne se doutait guère qu’un ennemi lui était né à Jérusalem, que cette communauté chrétienne, à peine formée alors, mettrait un jour son empire en pièces, jetterait bas ses divinités, et, après l’avoir elle-même lentement désorganisée, briserait sa puissance. Une idée conçue et mise en lumière par un fils du judaïsme, adoptée et mûrie par une tourbe infime, devait abattre la grandeur et la majesté romaine. Le troisième empereur, Caïus Germanicus Caligula, contribua lui-même à livrer au mépris public la religion romaine, principale force de l’État. Sur le trône des Césars, la folie et la lâcheté avaient succédé à la haine farouche du genre humain. Mais aucun des peuples soumis aux Romains ne ressentit plus durement que les Judéens les suites de ce changement de règne. Dans les premiers temps, il est vrai, qui suivirent l’avènement de Caligula, la situation de la Judée parut prendre une tournure favorable. Caligula prodigua les témoignages de bienveillance à Agrippa, l’un des meilleurs princes judaïtes, et l’on put espérer que le joug romain allait devenir moins pesant à la Judée. Mais l’événement fit bientôt voir que cette bienveillance et ces beaux sentiments n’étaient que le fruit d’un caprice passager, qui devait faire place à des fantaisies plus sanglantes, source de terreurs et d’angoisses pour les Judéens de l’empire.

Agrippa (né vers l’an 10 avant J.-C., mort en l’an 44) était fils de cet Aristobule, une des victimes d’Hérode, et petit-fils de Mariamne