Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/333

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conception messianique. Jésus est mort sur la crois et pourtant il lui est apparu : il a donc ressuscité, il est même le premier des ressuscités, certifiant ainsi et la vérité de la résurrection, — dogme controversé dans les écoles, — et l’avènement prochain du royaume de Dieu, où les morts, selon la prophétie de Daniel, doivent revenir à la vie. Il y eut donc désormais, pour le ci-devant Pharisien de Tarse, trois points bien établis : Jésus était ressuscité ; Jésus était le véritable Messie, enfin le royaume de Dieu était proche, et la génération d’alors ou du moins les sectateurs de Jésus en verraient la réalisation. De là ces conséquences : Si le Messie est apparu, si Jésus a été effectivement le Christ, la Loi est abolie par cela même ; les païens participeront à la bénédiction d’Abraham sans avoir besoin d’observer la Loi. Cette pensée fut un stimulant pour son activité. Il se sentit appelé à convertir, à régénérer le monde païen et à l’amener au Père céleste par l’intermédiaire du Christ. Pour cette âme de feu, l’intervalle n’était pas long de la pensée à l’acte. Il se rallia, sous le nom de Paul, aux Nazaréens de Damas, qui ne turent pas peu surpris de voir leur persécuteur d’hier devenu soudain leur ami et leur collaborateur.

A Damas, où le judaïsme était depuis longtemps en faveur et où beaucoup de gens ne s’en tenaient éloignés qu’à cause des sacrifices qu’il imposait, Paul trouvait un champ propice à son activité. Le nouvel apôtre, d’ailleurs, pouvait leur faciliter la besogne en les dispensant de la pratique de la Loi au moyen de la foi en Jésus. Mais il ne semble pas que sa théorie trop raffinée en matière de croyance ait obtenu grand succès, même auprès de ses compatriotes. Son système de l’abolition totale de la Loi devait leur paraître, en effet, une nouveauté fort suspecte. Sans doute aussi conservaient-ils quelque défiance à l’égard de ce persécuteur de la veille. Quoi qu’il en soit, Paul ne put tenir à Damas et s’en alla en Auranitide, où vivaient également des communautés judaïques. Mais revenu une deuxième fois à Damas, ses coreligionnaires lui témoignèrent un peu plus de confiance et il put donner carrière à son zèle de convertisseur.

Cependant son caractère violent et absolu, sa déclaration surtout relativement à l’abolition de la Loi, irrita contre lui la communauté judaïque de Damas. L’ethnarque judéen de cette ville, qui