Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/334

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avait été nommé ou maintenu par le roi Arétas Philodème, songea à le faire arrêter. Ses amis le sauvèrent en le faisant descendre, dans un panier, par une fenêtre pratiquée dans les murs de la ville. Paul échappa de la sorte à ses ennemis, qui voyaient en lui, à bon droit, le destructeur du judaïsme. Ce ne fut que trois ans après sa conversion qu’il vint à Jérusalem. Il sentait bien qu’il y avait un abîme entre lui et les chrétiens de Galilée et qu’il ne pourrait s’entendre avec eux. Une seule pensée remplissait son âme : c’est que la bénédiction divine universelle, la promesse faite à Abraham de devenir le père de beaucoup de nations, allait enfla devenir une réalité ; que les païens allaient entrer dans la famille de ce patriarche, et qu’à lui, Paul, était réservé l’accomplissement de cette œuvre. Il voulait faire disparaître toute différence entre Judéens et païens, entre esclaves et hommes libres, en les unissant tous, comme des frères, dans l’alliance d’Abraham, dont ils seraient la postérité spirituelle. Voilà l’évangélion, la bonne nouvelle qu’il voulait apporter aux nations. C’était certes une pensée grandiose, mais les Ébionites de Jérusalem et les apôtres colonnes étaient incapables de la comprendre.

Après un court séjour à Jérusalem, Paul entreprit ses voyages de propagande en compagnie du Cypriote José Barnabas (Barnabé). Ils se rendirent d’abord en Cilicie, la patrie de Paul ; ensuite ils parcoururent l’Asie-Mineure et la Macédoine, d’où ils passèrent en Grèce. Là, les efforts de Paul furent couronnés d’un plein succès. En beaucoup d’endroits, il fonda des communautés chrétiennes, notamment en Galatie, à Éphèse, à Philippes, à Thessalonique et à Corinthe. Le judaïsme pouvait, à vrai dire, revendiquer une part de ces succès, car, pour gagner, les païens et les amener à Jésus, Paul dut évoquer le glorieux passé du peuple hébreu. Il dut aussi faire ressortir l’idée pure de la Divinité en regard des conceptions grossières du paganisme. Du reste, il trouvait dans l’état des esprits un terrain favorable aux saines doctrines du judaïsme. Beaucoup de païens éprouvaient du dégoût pour les récits mythologiques et pour l’apothéose de la créature humaine. Il était encore présent à toutes les mémoires, le spectacle dégradant du monde romain à genoux devant un Caligula, lui dressant