Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/346

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préposé Félix, frère du favori Pallas et mortel ennemi de Cumanus. Voici comment, sous ce dernier, l’irritation des Judéens fut portée à son comble. Dans la crainte d’une révolte populaire, sentiment qui était habituel aux procurateurs depuis l’émeute provoquée par le cens, Cumanus plaça, lors de la fête de Pâque, une cohorte dans les galeries du temple pour surveiller la foule considérable qui s’y pressait. Un soldat ayant fait un geste indécent à la face du temple, le peuple s’en émut comme d’un outrage au sanctuaire et jeta des pierres aux soldats en injuriant le procurateur. Un tumulte s’ensuivit et l’émeute semblait imminente. Cumanus fit avancer de nouvelles troupes, qui occupèrent la tour Antonin. Son attitude menaçante effraya tellement le peuple, massé sur la colline du temple, que chacun chercha son salut dans une fuite précipitée. Aux portes de sortie, la presse fut si forte que dix mille hommes, vingt mille d’après une autre version, périrent écrasés.

Un autre fait du même genre faillit avoir les mêmes suites, mais, cette fois, Cumanus fut assez bien avisé pour céder à la volonté populaire. Une bande de sicaires ayant surpris et dépouillé sur un chemin, près de Béthoron, un serviteur de César, Cumanus fit piller par ses troupes les bourgs voisins. Un soldat, furieux de l’attaque dirigée contre un Romain, s’empara d’un rouleau de la Loi, le déchira et le jeta au feu. Nouveau grief, nouveau sujet d’irritation pour le peuple. La foule descendit en masse à Césarée, résidence de Cumanus, se plaignit à grands cris de ce sacrilège et déclara qu’elle aimait mieux subir la mort que de tolérer un outrage aux Saintes Écritures ; bref, on réclama le châtiment du coupable. Cédant aux conseils de ses amis, Cumanus fit exécuter le soldat en présence de ceux dont il avait blessé les croyances.

Un troisième événement qui se produisit sous Cumanus eut un caractère plus grave encore et provoqua des mêlées sanglantes. Quelques-uns des Galiléens qui traversaient la Samarie pour se rendre à Jérusalem, à l’occasion d’une fête, furent tués à Ginée (à l’extrémité sud-est de la plaine de Jezréel) dans une rixe avec des Samaritains. Ce meurtre était-il dû à une cause accidentelle ou à la haine existant entre les Judéens et les Samaritains ? De manière ou d’autre, les représentants des communautés galiléennes