Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/349

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sa conduite. Félix y répondit en le faisant assassiner traîtreusement, en plein jour, par la main des sicaires.

Les procédés violents que les procurateurs avaient pris l’habitude d’employer à l’égard de la nation ne furent pas sans influence sur la conduite de la population étrangère, fort nombreuse dans les villes maritimes. Les Syriens, les Grecs et les Romains qui habitaient la Judée purent donner libre cours à leurs sentiments haineux pour leurs voisins et se poser en maîtres du pays. Cette terrible parole du grand prophète : L’étranger qui vit au milieu de vous montera de plus en plus haut, tandis que vous descendrez, de plus en plus bas, cette parole se réalisa presque à la lettre. Les plus impudents de ces ennemis étaient les Grecs de Césarée, qui prétendaient exclure les Judéens de la gestion des affaires de la ville. Mais ces derniers, du reste bien supérieurs à leurs concitoyens par leur activité commerciale, par la fortune et le courage, ne voulurent pas se résigner à la perte de leurs droits, et Césarée devint le théâtre de luttes sanglantes et continuelles. Un jour que la jeunesse judaïque, pour venger quelque insulte, avait blessé plusieurs Syriens et mis les autres en fuite, le procurateur Félix intervint dans la querelle et fit avancer les troupes, composées en majeure partie de Grecs et de Syriens, qui prirent fait et cause pour les gens de leur race. Beaucoup de Judéens périrent, d’autres furent jetés dans les fers ; les demeures des riches furent livrées au pillage.

Mais le sang répandu ne tranchait nullement le litige et ne fit qu’exaspérer davantage les partis rivaux, qui envoyèrent des délégués à Rome pour invoquer l’arbitrage de l’empereur Néron. Les ambassadeurs syriens ayant su gagner, par des présents, le secrétaire de l’empereur, Burrhus, Néron se prononça contre les Judéens, qui perdirent leur droit de cité. L’administration de Festus, qui succéda à Félix, n’eut qu’une fort courte durée (59-61), et la situation des Judéens, loin de s’améliorer, s’aggrava encore. Un nouveau messie vint réveiller dans leurs âmes les espérances de liberté et de salut ; il recruta des adeptes, mais subit finalement le sort de ses prédécesseurs.

Le roi Agrippa, qui avait fini par se fixer à Jérusalem, fit surélever le palais des Hasmonéens, situé en face de la colline du