Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/35

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virent frustrés de leur part, et, pour ne pas mourir de faim, durent quitter une seconde fois temple et capitale. On cessa également de contribuer aux besoins du culte, et les prêtres chargés du soin des sacrifices, ne voulant pas laisser l’autel vide, y présentaient des bêtes malades, infirmes ou mal conformées. Révoltés de cette conduite, beaucoup se désintéressèrent et du temple et de la chose publique et ne s’occupèrent plus que de leurs intérêts privés, souvent au mépris de la justice et des engagements contractés devant Dieu. En les voyant parfois réussir dans leurs entreprises, plus d’un honnête homme, aux prises avec les difficultés de la vie, sentait faiblir sa foi et chancelier sa conscience : Servir Dieu, disait-on, est chose inutile ; que gagnons-nous à suivre ses lois, à cheminer tristement dans la crainte de l’Éternel ? Ah ! nous envions le bonheur des impies !

Plus fâcheuses encore étaient les dissensions que ce changement produisit dans l’État judaïque et jusque dans le sein des familles. Où est le droit ? où est la justice ? Le père et le fils n’étaient pas d’accord sur ce point : l’un opinait dans le sens de la rigueur, l’autre dans celui de l’indulgence ; de là des froissements et des haines.

Il fallait couper court à cette lamentable situation. Quelques hommes d’une piété ardente, restés fermes dans leurs convictions, se réunirent pour concerter un plan de conduite. Tous leurs vœux, toutes leurs espérances se tournaient vers Néhémie, fixé de nouveau à la cour d’Artaxerxés. S’il pouvait se décider à revenir à Jérusalem, il saurait d’un seul coup mettre un terme à cet intolérable désordre, rétablir dans Jérusalem la concorde, l’amour du pays et la prospérité. Un homme de ce groupe, plus vivement ému de la situation et indigné surtout des pratiques du parti sacerdotal, cet homme, poussé par l’inspiration prophétique, s’avança résolument pour gourmander les méchants et consoler les bons : c’était Malachie (Maleakhi). Dernier des prophètes, il a dignement clos la série de ces hommes de Dieu qui, durant quatre siècles, se relayèrent l’un l’autre sans relâche.

Aux affligés et aux désespérés, Malachie annonce l’arrivée prochaine d’un maître[10], précurseur de l’alliance tant désirée, et qui ferait luire sur Israël des jours meilleurs. Qui soutiendra l’épreuve