Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/367

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frontières étroites de la Palestine. Or, en voyant que toutes les populations circonvoisines, Syriens, Grecs, Romains, Alexandrins, faisaient de la cause de l’empereur leur cause propre, les ultra-zélateurs se crurent en droit d’englober toute la gentilité dans leur haine contre Rome. Les membres de l’école de Schammaï, composée en majeure partie de zélateurs, paraissent avoir constitué un synode on fut émise la proposition d’établir une séparation complète entre Judéens et païens, de supprimer tout commerce et toute relation avec ces derniers. Dorénavant, il était défendu aux Judéens d’acheter aux marchands étrangers du vin, de l’huile, du pain ou tout autre aliment. Ces diverses défenses sont connues sous le nom des dix-huit choses. Ainsi le rigorisme religieux et le zélotisme politique se donnaient la main à cette époque orageuse et troublée. Mais les Hillélites, modérés en politique comme en religion, repoussaient ces mesures séparatistes et méticuleuses. — Or, le zélotisme s’était donné carrière dans la convocation du synode. Éléazar ben Hanania, probablement le chef des zélateurs, avait rassemblé les membres des deux écoles rivales dans sa propre maison, et il avait eu soin d’aposter à l’entrée des hommes armés, avec la consigne de ne laisser sortir personne. Un grand nombre de docteurs hillélites trouvèrent, dit-on, la mort dans la bagarre occasionnée par les débats. Aussi, ce jour de violence, où les Schammaïtes firent voter de haute lutte les dix-huit choses, fut rangé plus tard au nombre des jours néfastes (9 adar, février 67).

Cependant les préparatifs militaires marchaient de front avec les mesures d’ordre intérieur et se poursuivaient avec une incessante activité. Avant tout, on se préoccupa de choisir des chefs capables de conduire les opérations. Ce fut le peuple, à ce qu’il semble, qui procéda à cette élection. Il se produisit sans doute un incident qui provoqua des dispositions peu favorables aux ultra-zélateurs, puisque Éléazar ben Hanania, la cheville ouvrière de ce grand mouvement, n’obtint que le titre de gouverneur du petit canton de l’Idumée, et dut encore partager ces fonctions avec un collègue. Un autre zélateur à outrance, Éléazar ben Siméon, qui avait notablement contribué à la défaite de Cestius, fut laissé dans l’ombre par les électeurs, malgré ce service et la noblesse de son