Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/374

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ci-devant grand prêtre Josué ben Gamala, qui jouissait d’une grande autorité dans le Conseil. Faut-il croire qu’il ait poussé l’hypocrisie jusqu’à se poser en fervent zélateur ? Il semble plutôt que l’héroïque effort de la révolution à Jérusalem et la défaite de Cestius aient produit, même sur l’âme prosaïque de Josèphe, une impression profonde. Sans doute, il considérait comme un rêve insensé l’espoir de s’affranchir absolument de la puissance romaine ; mais il pouvait croire que la résistance opiniâtre des Judéens forcerait l’empereur à certaines concessions, qu’il consentirait à laisser le gouvernement de la Judée au roi Agrippa et à lui rendre la situation qu’avait occupée son aïeul Hérode. C’est en effet pour Agrippa que Josèphe a travaillé, et, à ce point de vue, sa conduite n’a pas été tout à fait celle d’un traître et d’un malhonnête homme. Agrippa lui-même ne voyait pas la révolution de trop mauvais œil ; lui aussi espérait en tirer parti pour augmenter son pouvoir. Ce qu’il ne pouvait faire par lui-même, en sa qualité de vassal de Rome, il en chargeait Josèphe, avec qui il était intimement lié.

Le Sanhédrin adjoignit à Josèphe deux docteurs de la Loi : Joazar et Juda ; Josèphe en parle tantôt avec éloge, tantôt il les accuse de vénalité. Au fond, l’un et l’autre étaient nuls. Ils disparurent bientôt de la scène et, sur l’avis de Josèphe, s’en retournèrent à Jérusalem.

Dans les premiers temps de l’arrivée de Josèphe en Galilée, il parut avoir sérieusement à cœur d’entretenir le zèle révolutionnaire des Judéens. Il réunit une sorte de Sanhédrin, composé de soixante-dix personnes notables, à l’instar de celui de Jérusalem. Dans certaines régions du pays, il installa des fonctionnaires chargés de la juridiction criminelle, et confia, dans chaque localité, l’administration intérieure à sept des principaux citoyens. Il leva des troupes en Galilée, — environ cent mille hommes, affirme-t-il avec quelque exagération, — leur donna des armes, les dressa aux manœuvres des Romains, les habitua à une discipline sévère ; toutes choses indispensables à une nation militaire, mais de moindre importance pour un peuple exalté par l’amour de la liberté. Il forma même une troupe de cavalerie et prit à sa solde des corps francs (environ cinq mille hommes). Il s’entoura