Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/390

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mars 68). Les zélateurs étaient victorieux. Le lendemain, le tribunal de terreur inaugura sa sanguinaire juridiction. Tous ceux qui étaient soupçonnés de conspiration ou qui avaient pris part à la lutte frirent recherchés et exécutés, probablement après interrogatoire. Anan et Josué ben Gamala furent les premières victimes. L’exaspération était si violente contre ces deux grands prêtres, d’ailleurs assez peu intéressants, que leurs cadavres restèrent sans sépulture et servirent de pâture aux chiens.

La mort de ces deux membres du Sanhédrin et de quelques-uns de leurs partisans marqua la dernière heure de ce Conseil, institué au début de la révolution. Il paraîtrait que les zélateurs en composèrent un autre, également de soixante-dix membres, et où les éléments pontifical et aristocratique étaient remplacés par l’élément populaire. On ignore quel fut le sort de l’ancien président, Siméon ben Gamaliel.

Les zélateurs continuèrent à régner par la terreur. Tous ceux qui avaient pris les armes contre eux furent condamnés à périr ; tels furent, entre autres, un personnage considérable du nom de Gorion et le héros de la Pérée, Niger, qui avait sans doute appuyé le parti aristocratique du Sanhédrin. Nouvel exemple de cette triste vérité, que toute révolution dévore ses propres auteurs ! Niger était de ceux qui avaient, dès le principe, consacré toutes leurs forces à l’insurrection. Aussi sa mort est-elle une tache sur la mémoire des zélateurs.

Pour couper court à l’anarchie qui régna après la chute du Sanhédrin, Jean de Gischala s’érigea en chef, fort de l’appui des fugitifs de Galilée, très nombreux à Jérusalem. Grâce à son caractère énergique, il attira autour de lui des patriotes ardents, jeunes gens et hommes faits, qui lui furent non moins dévoués que ses Galiléens. Égal en courage aux autres chefs du peuple, Jean avait de plus qu’eux la sûreté du coup d’œil et une intelligence féconde en ressources : il était né pour commander. Cette supériorité ne pouvait manquer d’exciter la jalousie de ses rivaux, qui redoutaient de le voir s’arroger la dictature et faire, lui étranger, la loi aux indigènes. Cependant, au début, les zélateurs galiléens, ou les Johannistes, marchèrent d’accord avec ceux de Jérusalem et sévirent avec une rigueur égale contre la trahison et contre la tiédeur.