Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/391

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De leur côté, les Romains se tenaient tranquilles. Le prudent Vespasien n’avait garde d’attaquer les lions dans leur antre. Malgré les instances des transfuges, qui le pressaient de livrer assaut à la ville et lui promettaient une facile victoire, il préférait attendre que la guerre civile eût affaibli les combattants. Pendant tout l’hiver (67-68), il laissa ses troupes inactives dans leurs cantonnements ; ce ne fut qu’aux premiers jours du printemps qu’il les mena à la bataille, non contre Jérusalem, mais dans la Pérée et d’autres cantons de la Palestine. Des milliers de victimes, guerriers ou créatures sans défense, furent les trophées de cette expédition.

Après ce fait d’armes, Vespasien se retira à Césarée et, pendant près de deux années, n’inquiéta point Jérusalem. D’où venait cette inaction, après la fougue des premières attaques ? De deux nouvelles qui lui étaient parvenues : la guerre civile qui avait recommencé à Jérusalem, puis la mort de Néron, suivie de l’élection d’un nouvel empereur par les légions d’Espagne et des Gaules.

La guerre civile avait été rallumée à Jérusalem par l’indomptable Siméon Bar-Giora. A Massada, où il avait été accueilli par les sicaires, il ne put se tenir en repos : il était ambitieux et impatient d’agir. Après la mort d’Anan, son ennemi, il quitta cette forteresse et, pour créer une troupe, il appela à lui des esclaves à qui il promettait la liberté, et arec eux des déclassés de toute sorte. Le rêve de Bar-Giora, c’était d’entrer dans Jérusalem et d’y commander en maître. Les zélateurs de la capitale craignaient sa présence et songeaient à l’écarter. Toutefois ils n’osaient engager une attaque directe, ayant eu le dessous dans une rencontre avec ses bandes. Un jour, ils se mirent en embuscade sur son passage, et ayant fait prisonniers sa femme et une partie de ses gens, ils crurent l’avoir à leur merci. Mais Bar-Giora n’était pas homme à plier : au lieu d’implorer les zélateurs pour se faire rendre sa femme, il assouvit sa fureur en se jetant sur des Jérusalémites qui étaient sortis de la ville pour chercher du bois ou des vivres. Effrayés de cet acte de cruauté, les Jérusalémites se hâtèrent de relâcher la femme de Bar-Giora, ce qui apaisa quelque peu sa colère, mais n’ébranla nullement sa résolution de jouer un rôle prépondérant à Jérusalem. Nuit et jour, Bar-Giora resta aux aguets