Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/395

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Pendant toutes ces luttes, des bâtiments et des quartiers entiers de la ville éprouvèrent des dommages, et, ce qui était plus grave, des greniers, largement approvisionnés pour plusieurs années, furent détruits par le feu.

Enfin, Titus arriva devant Jérusalem (mars 79). Le fils de Vespasien, l’héritier présomptif du trône impérial, considérait comme une nécessité impérieuse de soumettre à tout pria Jérusalem. N’était-ce pas déjà assez de honte pour les Romains que la ville rebelle eût pu se maintenir pendant quatre années ? L’honneur de la nouvelle dynastie était attaché à la chute de Jérusalem. Si la cité judaïque continuait à résister, la réputation militaire de Vespasien et de son fils était gravement compromise. Quelque pressé toutefois qu’il fût de consommer la soumission de la Judée, Titus ne pouvait pourtant terminer avant le printemps les préparatifs du siège. Il rassembla une armée de plus de 80.000 hommes, et réunit une quantité d’engins de siège inusitée jusqu’alors. Trois traîtres judéens aidaient Titus dans cette difficile besogne : le roi Agrippa, qui lui fournit des troupes et qui, par ses discours, jeta l’hésitation parmi les habitants de Jérusalem ; Tibère Alexandre, qui combattait son peuple après avoir déserté sa foi, ajoutant la défection politique à la défection religieuse ; enfin, Josèphe, qui accompagnait partout Titus et qui, prisonnier des Romains, était maintenant leur guide dans sa propre patrie ! Tibère Alexandre, déjà cause une première fois du massacre de ses coreligionnaires, allait continuer son œuvre dans la Judée. Titus, trop peu expérimenté à la guerre, avait besoin de l’assistance de l’apostat judaïte : il nomma Tibère Alexandre général en chef de sa garde (prœfectu prœtario).

A Jérusalem, l’approche du danger avait provoqué une certaine entente entre les partis. Quelque temps avant la tète de Pâque, lorsque Jérusalem était encore ouverte, nombre de groupes étaient accourus de la Judée et de l’étranger pour défendre la cité sainte. Ses chefs avaient envoyé des messagers auprès de leurs coreligionnaires des pays de l’Euphrate pour leur demander des renforts, et leur prière avait été accueillie. On fortifia davantage encore les murs de Jérusalem et on les mit en état de résister aux puissantes attaques des machines de siège.