Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/397

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ils dressé leurs machines, que les Judéens se précipitèrent comme des démons hors de la ville, les détruisirent, dispersèrent les travailleurs et, après avoir jeté parmi eux l’épouvante et le désarroi, se retirèrent de nouveau derrière les murailles. Ce n’étaient pas seulement les zélateurs, mais tous ceux qui pouvaient tenir une arme, qui prenaient part aux combats ; des femmes même montrèrent, à l’égal des hommes, une étonnante insouciance de la mort. Les assiégés lançaient sur les assaillants des quartiers de roc ou répandaient sur leur tête de l’huile bouillante ; peu à peu ils apprirent à manier les lourdes machines de guerre et tournèrent contre les assaillants celles dont ils purent s’emparer. Cependant les Romains réparaient leurs pertes à mesure, si bien qu’au bout de quinze jours les assiégés furent contraints d’abandonner le mur extérieur (7 iyar, mai). Alors commença une lutte acharnée pour la possession de la seconde enceinte, que les assiégés avaient construite derrière la première. Il fallut plusieurs jours aux Romains pour s’en rendre maîtres, ainsi que du faubourg de Bézétha.

Cet exploit pourtant était loin de terminer la lutte, qui chaque jour, au contraire, reprit avec une nouvelle fureur. Les Romains ayant, après dix-sept jours de travail, élevé quatre terrasses contre la tour Antonia et la seconde enceinte, Jean y pénétra avec sa troupe par un conduit souterrain et mit le feu aux ouvrages. Deux jours après, trois hommes du parti de Bar-Giora, Tephtaï, Mégassar et Haghira d’Adiabène, incendièrent les autres ouvrages, nonobstant la grêle de projectiles qui tombait sur eux. Plus le danger devenait menaçant, plus grandissait le courage des assiégés. Josèphe, docile instrument de Titus, déploya son éloquence en pure perte contre cette implacable résolution. Du reste, les assiégés n’avaient plus d’autre alternative que la victoire ou la mort : ils le savaient bien, et, dès le début du siège, ils avaient vu ce qu’ils pouvaient attendre de Titus, de celui qu’on a surnommé les délices du genre humain. Les prisonniers, même volontaires, Titus les fit mettre en croix, parfois cinq cents en un jour, afin de montrer aux défenseurs obstinés de leur patrie quel sort les attendait. Quelquefois, il les renvoyait dans Jérusalem, après leur avoir fait couper les mains.