Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/402

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Un grand nombre de patriotes se précipitèrent dans cet océan de feu, ne voulant pas survivre à la ruine du sanctuaire. D’autres, au nombre de plusieurs milliers, hommes, femmes et enfants, étaient restés sous les portiques du sud, malgré l’approche des ennemis et de l’incendie. Des prophètes en délire leur faisaient espérer un saint miraculeux. En ce moment même où le temple achevait de se consumer, Dieu, à les entendre, allait envoyer un secours inattendu. Mais les Romains arrivèrent comme la foudre et égorgèrent cette crédule multitude.

Le temple brilla tout entier, sauf les fondations et quelques débris du mur occidental, qui s’élevaient au-dessus des ruines comme des spectres géants. Plusieurs prêtres, qui s’étaient réfugiés sur les murs et y avaient tenu plusieurs jours, bravant la faim et la soif, durent enfin se rendre à discrétion ; Titus les fit massacrer. Les prêtres doivent périr avec leur temple, avait dit ce monstre à face humaine. En ordonnant ces cruautés, il prétendait se poser en vengeur du sang répandu par les zélateurs. Les légions victorieuses offrirent, sur l’emplacement du temple, des sacrifices à leurs divinités, y déployèrent leurs étendards et proclamèrent Titus imperator. Par une fatale coïncidence, le second temple périt le même jour qu’avait péri le premier (16 ab, août 70). Après l’incendie du temple, Titus, débarrassé de toute contrainte vis-à-vis de Bérénice, ordonna de mettre le feu aux parties de la ville, l’Acra et l’Ophla, qui étaient au pouvoir des Romains.

Cependant la lutte n’était pas encore terminée. Les chefs de la révolution s’étaient cantonnés dans la ville haute avec les troupes qui leur restaient. Ils entrèrent en pourparlers avec Titus. Jean et Siméon, ayant juré de mourir plutôt que de se rendre, demandèrent à se retirer librement en conservant leurs armes : à cette condition, ils consentaient à abandonner la ville haute. Mais Titus exigea qu’ils se rendissent à discrétion, et cette exigence ralluma la lutte. Le 20 ab, les Romains commencèrent à élever de nouvelles terrasses contre les murs de la ville haute, et ce travail ne fut terminé qu’au bout de dix-huit jours (le 7 éloul, septembre). Cette fois encore les zélateurs tinrent bon. Les Iduméens, qui avaient négocié sous main avec Titus, furent mis à mort ou jetés