Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/406

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porta à sa rencontre et lui demanda, avec force flatteries, d’expulser les Judéens de la ville. Titus répondit que, les Judéens n’ayant plus de patrie, il serait inique de les expulser. Il ne consentit même pas à ravir aux Judéens, comme on le lui demandait, leurs droits civils et à briser les tables d’airain on étaient consignés leurs privilèges. — Les habitants d’Alexandrie, eux aussi, le supplièrent vainement d’enlever aux Judéens de leur ville leur liberté et leurs droits.

L’entrée de Titus à Rome devait être accompagnée des honneurs du triomphe, à l’occasion de sa victoire sur la Judée. A cet effet, on choisit sept cents jeunes Judéens de belle prestance et on les envoya à Rome avec les deux chefs de zélateurs, Jean de Gischala et Siméon Bar-Giora. Jean, affaibli par la maladie et la famine, s’était, avec ses frères, rendu aux Romains. Pour Siméon, il s’était caché, avec quelques-uns de ses gens, dans les couloirs souterrains de Jérusalem et, grâce aux outils dont ils étaient munis, ils espéraient se frayer un chemin jusqu’au dehors de la ville pour aller continuer ailleurs la lutte contre les Romains. Mais ils rencontrèrent une roche vive contre laquelle tous leurs efforts échouèrent ; leurs maigres provisions étant épuisées, Bar-Giora résolut de mourir en héros. Couvert d’une robe blanche et d’un manteau de pourpre, il sortit de dessous terre au milieu des ruines du temple, et son apparition subite effraya les sentinelles romaines. Conduisez-moi auprès de votre chef, leur dit-il simplement. Celui-ci, Rufus, ayant été appelé : Je suis Siméon Bar-Giora, lui dit le zélateur, et aussitôt il fut chargé de chaînes. Il connaissait le sort qui l’attendait et il l’avait accepté d’avance.

Siméon Bar-Giora, Jean de Gischala et le reste des prisonniers figurèrent au triomphe de Vespasien et de ses deux fils. On portait devant eux les vases du temple, le chandelier d’or, la table d’or et un rouleau de la Loi. Les prisonniers enchaînés, puis des tableaux représentant les batailles et la destruction de Jérusalem, étaient exposés aux regards curieux de la foule. Ensuite venait Bar-Giora, traîné par une corde à travers les rues, et qui finalement, suivant la coutume romaine qui exigeait un sacrifice humain, fut précipité du haut de la roche Tarpéienne. Jean de Gischala mourut en prison. Tibère Alexandre, le véritable vainqueur