Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/43

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suspendues. Et c’est ainsi que tous les détails de la vie extérieure furent réglés selon les prescriptions du livre de la Loi. Les pauvres furent l’objet d’une sollicitude particulière, conformément aux exhortations du Pentateuque, qui avait dit : Il ne doit pas y avoir de nécessiteux dans le pays. Faire l’aumône passait, dans ce nouvel ordre de choses, pour la plus haute vertu. Chaque communauté choisissait quelques-uns de ses membres, avec mission de se consacrer aux intérêts des pauvres. Les plaintes si fréquentes des prophètes, flétrissant l’inhumanité envers les misérables et les délaissés, il n’était plus nécessaire de les faire entendre. La justice fut organisée dans tous ses détails et exercée avec tant de scrupule, qu’elle aurait pu servir de modèle à tous les peuples de la terre. Deux fois la semaine, le lundi et le jeudi, les tribunaux siégeaient dans toutes les grandes villes ; soit parce que ces deux jours, déjà antérieurement, étaient jours de marché pour les paysans, ou pour quelque autre raison. Une fois en train d’organiser l’État d’après l’esprit de la Thora ou sur les bases de la Bible, pourquoi les chefs spirituels du peuple n’auraient-ils pas songé à instituer une autorité suprême, avec pouvoir d’interpréter la Loi et de légiférer elle-même ? Le Deutéronome imposait l’établissement d’un tribunal souverain, qui devait prononcer définitivement sur toutes les questions douteuses ; une autorité absolue s’attachait à ses arrêts, dont nul ne pouvait s’écarter à droite ni à gauche. Les chefs de l’État, depuis Néhémie, pénétrés de l’esprit de la Thora, devaient donc se faire un devoir de créer une semblable et toute-puissante autorité. De combien de membres devait-elle se composer ? Sur ce point aussi la Loi contenait une indication. Moïse s’était entouré de soixante-dix Anciens, représentants des soixante-dix principales familles, et qui devaient partager avec lui le fardeau du gouvernement. Il était donc tout naturel, étant donné un Conseil législatif statuant en dernier ressort, de le composer également de soixante-dix Anciens. Cet institut d’une espèce particulière, qui subsista sans interruption jusqu’à la chute de l’État judaïque, qui était le gardien de la Loi et qui parfois joua un rôle considérable, fut créé, sans aucun doute, dans la période dont nous nous occupons.