Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/44

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De la Grande Assemblée, convoquée temporairement sous Néhémie pour édicter un certain nombre de mesures, se forma un corps permanent, qui eut à délibérer sur d’importantes questions religieuses et morales. Les soixante-dix membres de ce grand Conseil furent vraisemblablement choisis dans les différentes familles ; il est également à croire que le grand prêtre en fit partie, mieux encore, qu’il en eut la présidence, lors même qu’il ne l’eût pas mérité. Les soixante-dix membres de la corporation durent ainsi s’augmenter d’une unité, et ce chiffre resta invariable. — Le président reçut le titre de Père du tribunal (Ab-beth-din).

Aussitôt que fut constitué ce corps, — qui s’appela plus tard le Synedrium (Synhédrin), — il s’appliqua à continuer le mouvement commencé par Ezra et Néhémie, c’est-à-dire à faire entrer de plus en plus le judaïsme ou la Loi dans la vie et les habitudes du peuple. Le grand Conseil y introduisit une transformation complète. Tous les changements qu’on remarqua, deux siècles plus tard, dans la communauté judaïque, étaient son œuvre ; les mesures nouvelles que la tradition attribuait à Ezra, ou qui étaient connues sous le nom d’institutions des Sôpherim (dibrê sôpherim), n’étaient autre chose que des créations de ce Conseil. C’est lui qui a posé les solides fondements d’un édifice destiné à braver l’effort des siècles.

On institua, avant toutes choses, des lectures publiques et régulières de la Thora. Chaque sabbat et chaque jour de fête, une section du Pentateuque devait être lue au peuple assemblé. Mais de plus, aux deux jours de la semaine où les villageois avaient coutume d’aller au marché de la ville voisine ou au tribunal, on voulut qu’ils entendissent également la lecture, fût-ce de quelques versets seulement. D’autre part, pour que chacun pût faire cette lecture, le texte devait être lisible. Or ce texte avait conservé jusqu’alors la forme archaïque des caractères phéniciens ou du vieil hébreu. Pour les Judéens de l’empire persan, plus encore que pour ceux de Palestine, la Thora était donc lettre close, et il devint nécessaire de remplaces les caractères anciens, l’écriture hébraïque (khetab ibri), par celle qui avait cours alors dans les contrées de l’Euphrate, et du Tigre. Cette écriture nouvelle,