Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/46

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Au surplus, le grand Conseil, auteur ou instigateur de tous ces progrès successifs, ne s’est pas contenté l’expliquer et d’appliquer les lois consignées dans la Thora : il a fait lui-même des lois destinées à diriger, à stimuler et à fortifier le peuple dans sa conduite morale et religieuse. Une antique sentence, émanée de la plus haute autorité judaïque, exhortait les contemporains et la postérité à faire une haie autour de la Loi. Il y avait là un avertissement, pour les législateurs, de défendre certaines choses même licites, si elles confinaient à des choses illicites ou risquaient de se confondre avec elles. Ce système de haies (seyaghim), ce soin anxieux d’empêcher préventivement les transgressions possibles, se justifiait par le caractère transitoire de l’époque. Le peuple, en général, encore dénué d’instruction religieuse, devait par là s’accoutumer à obéir aux lois et à remplir tous ses devoirs. Cette pensée, de tenir le peuple en garde contre toute infraction à la Loi, est l’origine de toute une série de lois lui appartiennent à la période des sôpherim. Les degrés de parenté ascendante, descendante et collatérale, eu égard aux unions illicites, furent considérablement amplifiés. Des précautions extrêmes furent prises pour assurer le respect de la chasteté. On ne permit pas à un homme de rester en tête-à-tête avec une femme mariée. A la tiédeur avec laquelle le repos du sabbat était observé du temps de Néhémie, on opposa des lois sabbatiques d’une rigueur extrême. Pour prévenir la profanation éventuelle du sabbat et des fêtes, le travail devait être suspendu dès la veille, avant le coucher du soleil ; et l’on institua à cet effet un employé chargé de donner, en sonnant du cor, le signal du repos. Le sabbat et les fêtes devaient d’ailleurs faire naître dans l’âme un saint et religieux recueillement, et lui faire oublier les peines et les soucis du labeur quotidien. Dans cette pensée, il fut ordonné, à l’époque des sôpherim, qu’au début et à la fin de ces jours de repos l’on boirait une coupe de vin, en y joignant une formule de bénédiction : au début, pour se rappeler que ces jours sont saints et consacrés à Dieu (Kiddousch) ; à l’issue, pour marquer leur supériorité sur les jours ouvrables (Habdalak). Par ces dispositions, qui ne sont pas restées lettre morte, le sabbat a