Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/57

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authentique, on ne peut y voir qu’une persécution infligée aux Judéens pour leur fidélité à leurs croyances ; car il est difficile d’admettre qu’ils aient pris part au soulèvement qui, de l’Égypte jusqu’à la Phénicie, avait éclaté contre les Perses. Ils eurent fort à souffrir en ce temps-là, à Jérusalem, de la tyrannie d’une de ces créatures qui, au milieu de l’abjection croissante de la cour de Perse, dans la décadence d’un empire vieillissant, purent s’élever, du sein de la poussière, jusqu’à disposer des trônes et des provinces. Cet homme, c’était l’eunuque Bagoas (Bagosès), qui sut acquérir, sous le règne d’Artaxerxés III, assez de puissance pour écarter ce roi lui-même et toute sa postérité, et disposer à son gré de la succession vacante. Mais, avant d’arriver à un tel pouvoir, il avait commandé les troupes stationnant en Syrie et en Phénicie, et avait su tirer parti de cette position pour acquérir de grandes richesses. C’est à cet homme que s’adressa un prêtre ambitieux, Josué, pour se faire investir, à prix d’or, de la dignité de grand prêtre. Josué avait un frère aîné, Jean (Yohanan), et tous deux étaient fils du grand prêtre Joïada. Celui-ci mort, son plus jeune fils, fort de l’appui de Bagosès, afficha la prétention de ceindre la tiare. Jean fit indigné de cette audace ; une scène violente éclata dans le temple entre les deux frères et eut un dénouement tragique, le protégé de Bagosès fut tué par Jean dans le sanctuaire même. Triste présage pour l’avenir ! — Informé du fait, l’eunuque se rendit à Jérusalem, non pour venger son favori, mais pour extorquer de l’argent sous couleur d’un juste châtiment. Le peuple fut tenu de payer, pour chaque agneau offert journellement au temple, une somme de cinquante drachmes, et cette expiation devait être acquittée chaque matin avant le sacrifice. Bagosès se dirigea lui-même vers le temple, et comme les prêtres voulaient s’y opposer au nom de la Loi, qui en interdit l’accès à tout profane, il leur demanda ironiquement s’il n’était pas aussi pur que le fils du grand prêtre, qu’on y avait immolé. Ce fut là un second et non moins triste présage. Le peuple dut payer sept ans cette rançon, jusqu’à ce qu’une circonstance quelconque vint l’en affranchir. Les Samaritains, ces mauvais voisins de l’État judaïque, profitèrent sans aucun doute de la malveillance des derniers rois