Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/65

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l’empire des Séleucides, et à qui était échue, entre autres, la Haute Syrie, bâtit dans cette contrée (vers 300) la ville d’Antioche, qui devint résidence royale. Lui aussi, pour peupler cette ville et d’autres encore de création récente, avait besoin d’y attirer des habitants, et, moitié de gré, moitié de force, des Judéens de Babylonie et de Perse vinrent s’y établir. Il accorda également à ces colons la pleine jouissance des droits de bourgeoisie.

Et comme des colonies judaïques se formèrent dans les pays gréco-macédoniens, ainsi se formèrent des colonies grecques sur le territoire de la Judée. Le long des côtes de la Méditerranée, de nouveaux ports furent bâtis, des ports anciens agrandis ou améliorés, auxquels on donna des noms grecs. Le grandiose projet qu’avait conçu Alexandre, de fusionner l’Orient et l’Occident, se développa, par la force des choses, entre les mains de ses successeurs. La Judée se trouva ainsi enserrée de toutes parts dans une population hellénique. Le grec y devint naturellement la langue dominante, même chez les indigènes grecques y furent aussi les mœurs, — même les mauvaises. Toutefois, la Judée elle-même, resta, pour un temps, à l’abri de cette influence. Le pays n’était pas assez riche pour les Grecs, ni les habitants assez sympathiques. Entre la frivolité de l’une des races et la gravité de l’autre, il ne pouvait guère y avoir d’attraction mutuelle. Toutefois, des mots de la langue grecque, qui se parlait dans le voisinage, frappaient souvent les oreilles, et pénétrèrent peu à peu dans le langage usuel des Judéens.