Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/78

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et de la discorde s’abattit sur ce malheureux pays. La Judée, en ce temps-là, offrait l’image d’un vaisseau ballotté par la tempête et poussé tour à tour par des vents contraires. Les deux États belligérants et leurs généraux lui infligèrent, l’un comme l’autre, de cruelles blessures. Un grand nombre d’habitants furent conduits en captivité.

Du reste, Antiochus semble avoir eu fort à cœur de s’attacher les Judéens. Il donna ordre à son général de leur faire connaître ses dispositions favorables à leur égard. Il les aida à restaurer les ruines de Jérusalem. Il leur accorda un grand nombre de franchises et leur permit de se gouverner d’après leurs propres lois. De plus, il défendit à tout étranger, sous peine d’amende, de pénétrer dans l’enceinte du temple, d’élever dans Jérusalem des animaux immondes, d’y introduire des bêtes mortes ou autres causes de souillure.

Antiochus resta tranquille possesseur de la Cœlé-Syrie et, par suite, de la Judée. Mais il avait des vues sur l’Égypte et ses dépendantes, pays livré au désordre, gouverné par un roi en bas âge, et qui lui promettait une conquête facile. Il fut arrêté dans ses desseins ambitieux par les Romains, vainqueurs alors de Carthage et d’Hannibal, et qui, délivrés de leur principal souci, songeaient à de nouvelles conquêtes. Vaincu par eux à Magnésie (automne de 190), la défaite d’Antiochus fut écrasante : il dut leur céder ses possessions de Grèce et d’Asie Mineure, leur livrer sa flotte et leur payer, en douze années, 15.000 talents pour frais de guerre. Afin de garantir cette dette et le maintien de la paix, il lui fallut envoyer à Rome, comme otage, son second fils, Antiochus Épiphane, qui devait un jour ajouter une page sanglante aux annales du judaïsme. Par sa confiance exagérée dans ses propres forces, Antiochus porta un coup fatal au royaume des Séleucides. Les rois de Syrie, pour faire face à leurs frais de guerre, étaient réduits à piller les temples ; ces actes sacrilèges les rendirent odieux et soulevèrent contre eux les populations même les plus endurantes. Antiochus, si mal surnommé le Grand, paya de sa vie un attentât de ce genre (187). Son fils porta pareillement la main sur des sanctuaires, et n’obtint, pour tout résultat, que le relèvement et la