Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/79

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glorification du peuple juif, en même temps que sa propre humiliation et la décadence croissante de son empire.

La décomposition intérieure de l’État judaïque avait commencé avec l’administration du receveur Joseph ; sous l’influence des guerres entre les Séleucides et les Lagides, comme aussi des factions qui divisèrent le peuple, elle s’étendit et fit de rapides progrès. Les meneurs et leurs partisans, les Tobiades, n’étaient pas difficiles dans le choix des moyens à employer pour faire triompher leur cause ou leur querelle et anéantir leurs adversaires. Ils songèrent avant tout à se créer des points d’appui en dehors de leur peuple, non seulement chez les puissants d’Antioche, mais encore auprès des populations voisines. Or, une haine commune animait, contre les Judéens, et les Grecs établis en maîtres dans les villes de la Palestine, et les habitants indigènes. Ils ne pouvaient leur pardonner d’avoir été si longtemps humiliés et malmenés par leurs fermiers des impôts. Les haines antiques ressuscitaient, et comme les ennemis d’autrefois avaient conservé leurs noms, il semblait qu’on se retrouvât à l’époque des juges ou à celle du déclin de la royauté. Là vivaient encore les Philistins, là encore les Iduméens, qui détenaient le territoire, autrefois judaïque, de Marescha et d’Adoraïm, et qui avaient mis la main sur Hébron, la plus ancienne cité de Palestine.

Iduméens et Philistins nourrissaient contre les Judaïtes la même haine qu’au temps passé, et ne manquaient aucune occasion de le leur faire sentir. Autant faisaient, au nord, les Samaritains. Des Judaïtes demeuraient également au delà du Jourdain, dans le Galaad et le Basan (Batanée). Partout, au delà comme en deçà, ils étaient détestés des peuplades païennes. Le seul moyen, pensaient-ils, de s’en faire de bons voisins était de se rapprocher d’eux par la langue, les mœurs et les habitudes, surtout de s’assimiler extérieurement aux Grecs. De la sorte, ils espéraient trouver chez les Gréco-Macédoniens, chefs supérieurs ou fonctionnaires subalternes, protection et bienveillance. A Jérusalem, ceux qui s’étaient déjà grécisés songèrent à les prendre pour modèles dans l’éducation de la jeunesse, qu’ils voulaient exercer par des joutes, courses et luttes dans des gymnases, afin de la préparer au métier des armes. Ces Hellénistes ou singes de la