Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/81

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ville de Tseréda, et José, fils de Johanan, de Jérusalem, qui formèrent deux écoles. Le premier attachait plus de valeur à l’étude théorique de la Loi, le second estimait davantage la religiosité pratique. José de Tseréda enseignait à ses disciples : Que ta maison soit un lieu de rendez-vous pour les sages, roule-toi dans la poussière de leurs pieds et recueille avidement leurs paroles. Mais son collègue de Jérusalem avait coutume de dire : Que ta maison soit grande ouverte, que les pauvres en soient les hôtes, et sois sobre de paroles avec la femme.

Entre ces deux partis extrêmes, le gros de la nation, comme il arrive toujours en pareil cas, gardait le milieu et se tenait à égale distance de leurs exagérations. Certes, la vie élégante et agréable des Grecs ne lui déplaisait pas, elle se souciait peu de s’enfermer dans le rigorisme morose des Hassidéens ; mais elle n’approuvait pas davantage la licence des Hellénistes, elle ne voulait pas rompre avec le passé ni le sacrifier à des nouveautés subversives. Ces modérés cependant furent entraînés dans la lutte à outrance qui éclata entre Hellénistes et Hassidéens, et forcés de prendre parti.

Les hommes pieux, les conservateurs de l’esprit national, avaient encore la haute main dans la direction des affairés. A leur tête était le grand prêtre Onias III, fils de Siméon II, qui était en même temps le chef de l’État. On nous le dépeint comme un homme de grand mérite, d’une nature douce, mais plein de zèle pour la Loi, ennemi du mal, protecteur de la piété, et qui opposa une barrière inflexible aux débordements de l’hellénisme. Aussi en fut-il cordialement détesté. Ses principaux ennemis étaient trois frères benjamites de bonne famille et d’égale audace : Simon, Onias, dit Ménélaüs, Lysimaque, et leurs alliés intimes, les Tobiades. Ils ne haïssaient pas seulement le grand prêtre à cause de son aversion déclarée pour les réformes, mais encore à cause de sa liaison avec Hyrcan, dont les frères et les proches étaient restés les mortels ennemis. Ce dernier, parait-il, avait lui aussi, à la cour d’Égypte, obtenu les bonnes grâces du jeune roi Ptolémée V Épiphane, et la ferme des revenus ou quelque autre charge dans une province transjordanique. Il avait sans doute, comme avait eu son père, une troupe à ses ordres pour lui prêter main-forte dans son administration. Des Judéens établis dans cette contrée s’employèrent