Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/88

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son frère. Mais un autre l’avait prévenu. Héliodore, un des grands de la cour, avait tué Séleucus (175) et s’était emparé du trône. Antiochus était-il tout à fait innocent de ce meurtre ?... Il se trouvait alors à Athènes, en route pour son pays. Eumène, roi de Pergame, et son frère Attale, lui rendirent l’insigne service de le défaire d’Héliodore et de le nommer lui-même roi de Syrie et d’Asie. C’est ainsi qu’Antiochus Épiphane inaugura son règne par la ruse et par l’usurpation ; car le trône revenait de droit à son neveu Démétrius, retenu à Rome en qualité d’otage. Les Romains firent bonne mine à l’usurpateur : ces dissensions dans les familles régnantes ne pouvaient qu’affaiblir les royaumes dont la possession espérée ne leur était pas encore dévolue. Et Antiochus prétendait jouer au plus fin avec cette tactique romaine ! — Un voyant judaïte a tracé de son avènement une peinture frappante : A sa place apparaîtra un homme vil, sur qui on n’aura pas jeté la pourpre royale ; il viendra inopinément et s’emparera de la royauté par des voies doucereuses. Et en vue d’une alliance avec lui, il emploiera la ruse, et il montera, et il triomphera avec peu d’auxiliaires. Il arrivera à l’improviste avec les notables du pays, et il fera ce que n’ont fait ni ses pères ni les pères de ses pères. Il leur prodiguera (à ces notables) butin et dépouilles [Daniel, XI, 21-24]. Et de fait, sa prodigalité est devenue proverbiale. Il s’était d’ailleurs affranchi de tout scrupule religieux : nul égard pour les dieux de ses pères, nul égard pour un dieu quelconque, car il se croyait au-dessus de tout [Ibid., 37]. Ce monstre sans cœur, sans foi ni loi, méprisant et les hommes et les choses les plus saintes, tenait les Judéens à sa discrétion ; car, par le fait de sa royauté usurpée, ils lui appartenaient et étaient à la merci de ses caprices. Unie par la concorde, peut-être la Judée eût-elle échappé à son attention. Mais les querelles allumées par les Hellénistes attirèrent ses regards sur ce pays, qui entra dès lors dans les calculs de sa politique. Les Hellénistes eux-mêmes lui demandèrent d’intervenir dans les affaires judaïques. Ils lui signalèrent d’abord Hyrcan, qui, de sa citadelle près de Hesbon,