Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/91

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qu’il n’en pouvait sortir que des conséquences désastreuses. Les Hellénistes, mécontents, intriguaient pour renverser Jason lui-même et mettre la main sur la grande prêtrise, soit qu’ils y fussent poussés par l’ambition, soit que le frère d’Onias leur parût encore trop bon Judéen ou trop faible pour aider à la ruine des mœurs antiques. Ils rêvaient cette dignité pour l’un d’entre eux, homme sans scrupules ai préjugés, Onias, dit Ménélaüs, frère de ce Simon qui avait dénoncé le trésor du temple et son détenteur Onias. Envoyé par Jason pour remettre à Antiochus les prestations annuelles, Ménélaüs promit au roi de lui payer trois cents talents de plus par an, s’il était nommé grand prêtre, et se vanta de jouir d’une haute considération, qui lui permettrait de servir plus efficacement que Jason les intérêts du roi. Celui-ci, sans balancer, conféra au plus offrant la dignité pontificale (172-171). En même temps, il envoya à Jérusalem un de ses officiers, Sostrate, à la tête d’une troupe de soldats cypriotes, avec mission de réprimer toute résistance à ses ordres et de tenir la main à l’exécution de l’engagement contracté. Sostrate logea sa troupe dans la citadelle de l’Acra, pour tenir en respect les habitants de Jérusalem, et prononça au nom du roi la déchéance de Jason. Ce dernier s’enfuit ou fut exilé de Jérusalem, et se retira dans l’Ammonitide, au delà du Jourdain, chez un certain Arétas, prince nabatéen, qui l’accueillit amicalement.

Ce nouvel état de choses ne fit qu’augmenter le désordre qui régnait à Jérusalem. La majeure partie du peuple voyait avec indignation les saintes fonctions de grand prêtre aux mains d’un Ménélaüs, qui n’était même pas de famille sacerdotale, mais probablement un simple Benjamite, et dont on connaissait l’aversion pour les mœurs antiques. Même des gens épris de grécomanie et de nouveautés étaient mécontents du choix d’un tel grand prêtre. Les uns et les autres étaient forcés de se contenir en présence du commandant syrien et de ses soldats cypriotes. Mais les esprits étaient en proie à une surexcitation violente, qui ne demandait qu’une occasion pour éclater. Cette occasion, c’est Ménélaüs qui la fit naître. Il avait promis au roi, en échange de la tiare, plus qu’il ne pouvait tenir. Antiochus se fâcha et l’invita à venir se justifier. Obligé de se rendre à Antioche, Ménélaüs laissa à Jérusalem,