Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/92

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pour le suppléer, son digne frère Lysimaque, et détourna du temple des offrandes votives, dont il comptait employer le produit à parfaire le payement en souffrance. Le digne Onias III, l’ancien grand prêtre, qui vivait toujours à Antioche, fut instruit de cet attentat ; il sut aussi que le misérable, à Tyr et dans d’autres villes de Phénicie, avait fait argent de plusieurs vases sacrés du temple. Outré de colère, il accusa Ménélaüs de sacrilège, crime qui passait alors, chez les Grecs aussi, pour exceptionnellement grave et condamnable. Mais cette accusation hâta sa propre mort ; car Ménélaüs se concerta avec Andronique, lieutenant du roi, pour se débarrasser de lui avant qu’Antiochus, alors absent, eût connaissance du vol sacrilège et de l’usage auquel il devait servir. Andronique, intéressé lui-même à l’affaire, se prêta facilement à ce qu’on lui demandait. Onias, menacé, s’était réfugié dans le temple d’Apollon, à Daphné, près d’Antioche ; au moyen de promesses et des serments les plus solennels, Andronique sut l’attirer hors de cet asile et le tua sur place (171). Ce nouveau crime mit le comble aux infamies de Ménélaüs. Le meurtre du vénérable Pontife produisit une telle sensation, même parmi les Grecs de Syrie, qu’Antiochus, après son retour, ne put laisser Andronique impuni.

Mais ce n’était pas assez, pour Ménélaüs, d’avoir fermé la bouche à son accusateur ; il fallait aussi contenter le roi et se conserver ses bonnes dispositions. Pour réaliser des ressources suffisantes, il chargea son frère Lysimaque d’enlever encore du temple un certain nombre d’offrandes précieuses et de les lui faire parvenir. Ces rapines ne pouvaient rester ignorées ; lorsqu’on eut connaissance et du fait et de l’auteur, celui-ci devint l’objet d’une animadversion violente, bientôt suivie d’effet. Ceux mêmes qui habitaient hors de la ville, lorsqu’ils apprirent le forfait des deux autres, accoururent à Jérusalem, et, de concert avec les habitants, menacèrent de mort le profanateur. Mais Lysimaque arma ses partisans et mit à leur tête un certain Avran, vieux pécheur, son pareil. Le peuple, bien que sans armes, ne craignit pas de tenir tête à cette bande armée ; il se rua sur elle à coups de pierre, à coups de bâton, l’aveugla en lui jetant des tas de cendres, tua les uns, terrassa ou mit en fuite les autres. Lysimaque lui-même