Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/98

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immondes. Des surveillants eurent ordre de tenir la main à l’exécution de ces édits. C’étaient des bourreaux sans pitié, qui invariablement punissaient de mort toute infraction à la volonté royale.

C’est par le temple de Jérusalem que commença cette odieuse campagne. Le roi y envoya un des principaux habitants d’Antioche avec mission expresse de vouer le sanctuaire à Zeus Olympien. Puis, sur l’autel du parvis, on sacrifia un pourceau, dont on répandit le sang et sur l’autel et dans le sanctuaire, sur la pierre qu’Antiochus avait prise pour l’image de Moïse ; on fit cuire la chair de l’animal et l’on souilla de son jus les feuillets de la sainte Écriture. Le soi-disant grand prêtre Ménélaüs et d’autres Judéens hellénistes durent manger de cette chair impure. Il est probable que le rouleau de la Loi, qu’on trouva dans le temple, ne fut pas simplement souillé par l’homme d’Antiochus, mais brûlé, parce que la Thora, cette école de la pureté morale et de la charité universelle, n’enseignait, au dire d’Antiochus, que la haine du genre humain. Elle reçut là son premier baptême de feu. Ensuite on dressa sur l’autel la statue de Jupiter, cette abomination de la désolation, devant laquelle dorénavant on devait sacrifier (17 tammouz - juillet 168).

Ainsi le temple de Jérusalem, l’unique asile de la sainteté sur la terre, était profané de fond en comble. Le Dieu d’Israël en était chassé, en apparence, par le Zeus des Grecs. Quelle fut l’attitude du peuple en présence de cet effroyable sacrilège, en présence des rigoureux décrets d’un roi sans cœur et de ses féroces agents ? Jamais plus grave épreuve ne lui avait été imposée. Quiconque professait ouvertement le judaïsme était menacé de mourir par la main du bourreau. Il n’était pas même permis de s’avouer Judéen.

Cette première épreuve, le judaïsme en a triomphé ; son alliance avec Dieu et sa doctrine, il l’a scellée du sang de ses martyrs. Les Judéens répandus dans les villes de Syrie et de Phénicie, vivant dans le voisinage immédiat des Grecs, et acculés à la conversion forcée, ceux-là, il est vrai, durent baisser la tête, sacrifier ostensiblement aux dieux de la Grèce, dissimuler ou même renier leurs croyances. Mais, parmi ceux-là aussi, il se trouva des hommes de cœur, qui restèrent fidèles aux dépens de leur propre vie. A