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de bien indiquer que la population de cette forteresse était particulièrement considérable. Elle rapporte, entre autres, qu’il y avait à Betar plusieurs centaines d’écoles qui contenaient des élèves en si grande quantité que ceux-ci se vantaient de pouvoir exterminer l’ennemi avec leurs tuyaux de plume.

Le siège de Betar dura près d’un an et fut l’acte final de cette guerre, qui s’était prolongée pendant trois ans et demi. On ne sait absolument rien sur les incidents de ce siège et les causes qui amenèrent la chute de la forteresse. Ce qui est certain, c’est que le manque de vivres et d’eau potable contribua à précipiter le dénouement. Un document judaïque rapporte que « le fleuve Iorédét-haçamon refusa traîtreusement ses eaux pendant la guerre, » ce qui veut dire que les chaleurs de l’été l’avaient mis à sec. Une relation samaritaine fort obscure raconte que l’envoi des vivres amenés dans Betar, pendant le siège, par une voie secrète fut subitement arrêté. Il paraît hors de doute que cette ville si vaillamment défendue tomba par suite d’une trahison des Samaritains. Voici ce qu’on se racontait à ce sujet parmi les Judéens. Éléazar, de Modin, revêtu d’un cilice et couvert de cendres, priait et jeûnait pour que la ville de Betar ne fut pas prise ; sa piété inspirait aux assiégés la confiance, cette âme de la guerre, et les encourageait à la résistance. Adrien (ou son général), découragé de cette lutte opiniâtre, se disposait à lever le siège, lorsqu’un Samaritain lui promit de lui faire prendre la ville en rendant suspect aux yeux des Judéens le pieux Éléazar, qui était comme le génie tutélaire de la cité. « Tant que cette poule piaillera dans les cendres, ajouta-t-il, Betar sera imprenable. » Là-dessus, ce Samaritain pénétra dans la ville par une allée souterraine, s’approcha d’Éléazar pendant qu’il était en prières et lui murmura mystérieusement quelques mots à l’oreille. Cette action parut suspecte aux assistants, qui arrêtèrent le Samaritain et le conduisirent devant Barcokeba. Interrogé sur ses intentions, il répondit par les pleurnicheries habituelles aux espions : « Si je t’avoue la vérité, dit-il, je serai tué par mon maître, et si je te la dissimule, je mourrai par toi ; mais j’aime mieux être tué que trahir mon maître. » Barcokeba soupçonna Éléazar d’avoir des intelligences avec l’ennemi ; il cita le docteur devant lui et l’invita à lui faire