Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 3.djvu/167

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d’abondantes informations. Il établit une école dans le sud de la Judée, à Lydda. Les gens de Lydda n’étaient pas estimés par les Galiléens ; ces derniers leur reprochaient d’être orgueilleux et de ne posséder qu’une science très superficielle. Mais la réputation de Josua ne souffrit pas de ce jugement ; son autorité était considérable, et ses décisions étaient acceptées en grande partie comme ayant force de loi, même dans les cas où les deux autres Amoraïm, Johanan et Ben Lakisch, les combattaient. Et cependant, Josua avoue lui-même qu’il était tellement préoccupé de la réorganisation des communautés du sud de la Judée qu’il avait oublié un grand nombre de traditions. Ces communautés présentaient, en effet, un spectacle lamentable depuis la lutte de Barcokeba ; Johanan et Jonathan durent même les visiter pour y rétablir l’ordre et la paix. — Josua, comme on l’a déjà vu, se rendit à Rome, probablement pour recueillir des offrandes en faveur du patriarcat. Il pensait que c’est de Rome que viendrait le Messie, qu’il séjournait dans la capitale du monde sous les traits d’un esclave, parmi les mendiants et les misérables postés aux portes, et que c’est là qu’il attendait l’ordre divin de délivrer les Judéens. La légende représente Josua comme un des élus qui s’entretenaient avec le prophète Élie et sur lesquels la mort n’avait pas d’empire ; elle raconte que ce docteur dépouilla l’ange de la mort de son glaive, monta vivant au ciel, parcourut les sphères célestes, le paradis et l’enfer, et contraignit la Mort elle-même, qui lui devait obéissance, à rapporter à Gamaliel ce qu’il avait appris dans ce merveilleux voyage. Il est étrange que Josua soit devenu le héros de tant de légendes aggadiques, lui qui était un adversaire résolu de l’Aggada et qui disait que « celui qui la met par écrit n’a aucune part à la vie future, celui qui l’explique se condamne au feu, et celui qui l’écoute perd son temps. »

Un des plus fervents partisans de l’Aggada était Simlaï, il lui imprima une direction nouvelle, et, le premier, il la fit servir à l’enseignement de la religion et de la morale. Né à Lydda, il abandonna cette région désolée pour se rendre à Nehardea ; là, il fréquenta la jeune école des Amoraïm, qui brillait déjà d’un vif éclat. Il devint bientôt l’ami du patriarche Juda. Son autorité dans les questions de casuistique était presque nulle en Palestine comme