Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 3.djvu/187

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dix ans, l’État romain ressembla à une immense arène, ensanglantée par les luttes de ses propres sujets. Sur tous les points de l’empire se levaient des usurpateurs. Le désarroi et la désorganisation étaient encore bien plus accentués dans les provinces orientales qui touchaient au puissant royaume des Perses. Odénat, un riche et vaillant guerrier de Palmyre, avait groupé autour de lui une bande de sauvages Sarrasins, et, à la tête de cette horde de pillards, il faisait de nombreuses incursions en Syrie et en Palestine et, d’autre part, jusque dans la région de l’Euphrate. Il s’était arrogé le titre de sénateur. N’avait-il pas le droit d’espérer être revêtu un jour, aussi bien que son compatriote Philippe, de la pourpre impériale ? Les Judéens l’appelèrent Papa Bar Naçar, chef de brigands, ils lui appliquèrent ce passage de la vision de Daniel : « Une petite corne sortit de la grande, elle avait des yeux humains et une bouche qui proférait des paroles hautaines. » Cet aventurier ruina totalement plusieurs communautés juives de la Palestine et de la Babylonie, il détruisit l’antique Nehardea (261), qui, depuis l’exil, de Babylone, était devenue le centre du judaïsme. Lors de cette destruction, les filles de Samuel furent faites prisonnières et emmenées à Sépphoris, elles furent rachetées et remises en liberté avant même qu’on sût de quelle famille elles étaient. Odénat étendit peu à peu son pouvoir, il devint le chef de l’oasis de Palmyre ou Tadmor, que le roi Salomon avait transformée en une belle cité. La décadence de l’empire romain était telle que ce petit prince asiatique fut obligé de défendre le territoire romain contre les invasions des Perses. L’empereur Gallien récompensa Odénat de ses services en l’appelant à partager le trône avec lui (264). Odénat n’occupa cette haute situation que pendant un temps très court, il fut assassiné en 267. La rumeur publique accusa Zénobie, sa femme, d’avoir été l’instigatrice de ce crime.

Après la mort d’Odénat, sa veuve Zénobie, dont les deux enfants étaient mineurs, fut nommée régente de la Palmyrène. Sous son règne, la ville de Palmyre devint le centre du luxe, de la civilisation et du bon goût. D’après une source chrétienne, Zénobie aurait été juive, mais aucun document juif ne signale cette particularité. Les historiens romains dépeignent sous les plus bril-