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de la charge des fonctions municipales et autres emplois de ce genre. On appliqua aux Judéens des lois analogues à celles qui régissaient les prêtres romains et les évêques chrétiens, et on reconnut en Judée le patriarche comme chef de toutes les communautés juives de l’empire romain.

Constantin ne persista pas longtemps dans ces sentiments de justice. À mesure que l’influence chrétienne s’emparait plus complètement de son esprit, il se montrait plus hostile envers les Juifs, pour lesquels le christianisme éprouvait une aversion violente. Hosius, évêque d’Espagne, Sylvestre, évêque de Rome, Paul, devenu plus tard évêque de Constantinople, la nouvelle capitale des Romains, et Eusèbe, l’historien ecclésiastique, ne cessaient d’attiser la haine contre les Juifs, ils les appelaient une secte dangereuse, perverse et sacrilège (feratis, nefaria secta), qu’on devrait exterminer. Défense fût de nouveau faite, à cette époque, aux Juifs d’accueillir des prosélytes ; convertisseurs et convertis furent menacés de châtiments rigoureux (315). Pour les chrétiens, au contraire, l’État encouragea de son appui le développement de l’esprit de prosélytisme, il interdit sévèrement aux Juifs de punir ceux d’entre eux qui manifesteraient le désir d’embrasser la religion chrétienne. « Ceux qui se permettront de maltraiter les renégats à coups de pierre ou de toute autre façon seront livrés aux flammes, eux et leurs complices. » L’Église s’efforça d’attirer les Juifs à sa doctrine en imposant de lourdes charges à ceux qui restaient fermes dans leurs croyances et en assurant aux apostats des avantages considérables. « Pourquoi vous faites-vous tuer pour votre Dieu ? Voyez de combien de malheurs et de douloureuses épreuves il vous accable ! Venez à nous, nous vous nommerons ducs, gouverneurs et généraux. » Des Juifs sans honneur et sans conscience se laissaient séduire par ces promesses, et acceptaient le baptême. « L’impie Rome » ou « le fils de ta mère cherche à faire trébucher les fidèles, » tel était le texte que les prédicateurs développaient fréquemment à cette époque dans les synagogues. Sur l’ordre de Constantin, les Juifs perdirent leurs privilèges ; cet empereur décréta qu’à l’exception de deux ou trois dignitaires, ils seraient tous soumis aux charges municipales.