Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 3.djvu/230

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Bible, et, tout en admettant qu’il y avait d’autres dieux à côté de lui, il le déclarait un « grand Dieu ; » la générosité des Juifs pour leurs pauvres excitait surtout son admiration. Éprouvant une prédilection particulière pour les cérémonies solennelles des sacrifices, le culte juif avec sa pompe grandiose, tel qu’il était pratiqué autrefois à Jérusalem, avait pour lui un attrait puissant, et il en faisait un grief au christianisme d’avoir répudié le Dieu, les pratiques, et surtout le culte des sacrifices des Juifs. Peut-être aussi ne témoignait-il tant de bienveillance au judaïsme que pour rendre les Juifs babyloniens favorables à sa cause, dans le cas où il réaliserait le projet, qui hantait son esprit, de faire la guerre aux Perses. Quoi qu’il en soit, le règne de Julien, qui dura à peine deux ans (novembre 361 à juin 363), amena une amélioration sensible dans la situation des Juifs ; ils ne furent plus soumis à une législation exceptionnelle, on ne les accusa plus d’être des blasphémateurs, et Julien appela le patriarche Hillel son « vénérable ami, » il lui envoya même une lettre autographe pour l’assurer de sa sympathie et lui promettre d’abolir toutes les lois humiliantes dirigées contre les Juifs. Une lettre, signée de l’empereur, fut également adressée à toutes les communautés juives de l’empire romain pour leur faire part des dispositions prises en faveur de la restauration du temple de Jérusalem. Ce document, daté d’Antioche, de l’automne 362, présente un intérêt très grand ; le voici :

Aux communautés juives,

La perte de votre indépendance vous a causé dans le passé une profonde affliction, mais vous avez certainement souffert plus vivement encore des nouvelles taxes que mes prédécesseurs vous imposaient sans cesse, à votre insu, et des amendes considérables que vous étiez contraints de verser dans le trésor impérial. J’ai vu bien des faits de ce genre de mes propres yeux, j’en ai connu un plus grand nombre par la lecture du rôle des contributions qui, à votre grand détriment, a été scrupuleusement conservé. Vous étiez menacés d’un nouvel impôt, je l’ai supprimé et vous ai ainsi protégés contre une nouvelle iniquité ; de mes propres mains j’ai jeté au feu une liste trouvée dans les archives et contenant les contributions extraordinaires qui pesaient sur vous, afin que personne ne pût à l’avenir vous flétrir du nom de blasphéma-