Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 3.djvu/233

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excita l’envie des chrétiens, mais elle fut interrompue dès l’origine. Au moment où les ouvriers creusèrent le soi pour mettre à nu les anciennes fondations du temple, des jets de flammes sortirent de terre et en tuèrent un certain nombre. Ce phénomène était dû, sans doute, à l’air, qui, fortement comprimé pendant des siècles dans les galeries souterraines, se détendit violemment, à la suite des travaux de terrassement, et s’alluma au contact de l’air extérieur ; les ouvriers en furent effrayés et cessèrent les travaux. Si les Judéens avaient montré plus d’ardeur pour la restauration de leur sanctuaire, il leur eût été facile de stimuler le zèle des ouvriers et de faire continuer l’œuvre commencée. Mais leur indifférence paralysa l’activité d’Alype, qui ne fit aucun effort pour mettre fin à l’interruption des travaux. On raconte que Julien accusa les chrétiens d’avoir allumé ces feux souterrains et les menaça de les enfermer, au retour de sa campagne contre les Perses, dans une prison construite avec les matériaux du temple. Cette information est puisée à une source chrétienne et ne mérite, par conséquent, aucune créance. Les chrétiens rapportent, en effet, un grand nombre de miracles imaginaires qui auraient eu lieu, à l’occasion des tentatives de restauration du temple, pour ouvrir les yeux aux Judéens sur leurs erreurs et leur faire reconnaître la divinité du Christ.

Malheureusement pour les Judéens, Julien échoua dans son expédition contre les Perses. Après avoir réuni toutes les forces dont disposait l’empire romain pour marcher contre Schabur II, il crut pouvoir enfin réaliser le rêve, qui avait hanté l’esprit de plusieurs généraux romains, de faire flotter l’aigle romaine sur l’autre rive du Tigre. Les deux armées se portèrent les principaux coups dans la Babylonie juive ; aucun document n’indique sous quel drapeau se rangèrent le Juifs. Après un siège de trois jours, la ville de Firuz-Schabur, où demeurait une nombreuse population juive, dut capituler ; elle fut brûlée. On ne sait pas comment les habitants juifs de Firuz-Schabur se comportèrent à l’égard de Julien et de son armée, la population s’étant réfugiée en très grande partie, après la prise de la ville, sur des barques, dans les canaux de l’Euphrate. La forteresse de Mahuza, qui était sans doute le faubourg de Ctésiphon, opposa aux forces romaines