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Vandale Geiseric. Celui-ci emporta en Afrique toutes les dépouilles entassées dans Rome, et, parmi elles, les vases enlevés autrefois, par Titus, du temple de Jérusalem. Ces vases, comme les Juifs eux-mêmes, furent condamnés à de bien étranges pérégrinations !

La Judée, qui continuait à être le siège du patriarcat et, par conséquent, à conserver la direction de toutes les communautés juives de l’empire romain, était à ce moment en pleine décadence. Sous la domination oppressive du christianisme, l’étude de la Loi rencontrait de nombreuses difficultés, et l’enseignement du Talmud, autrefois si brillant, ne jetait plus que de faibles lueurs. Les derniers amoraïm, désireux sans doute d’imiter leurs collègues babyloniens, recueillirent alors les travaux des diverses écoles de la contrée, les coordonnèrent et en formèrent le Talmud de Jérusalem (ou plutôt de la Judée). Les documents relatifs à cette époque sont si rares que le nom d’aucun de ceux qui collaborèrent à cette entreprise ou qui en prirent l’initiative n’a été conservé.

C’est à cette époque que disparut l’institution du patriarcat. Les trois derniers patriarches connus sont : Gamaliel V, successeur de Hillel II, son fils Juda IV, et Gamaliel le dernier. On sait très peu de chose de leur administration. Ils portaient, comme leurs prédécesseurs, le titre pompeux de « sérénissime, » jouissaient des privilèges attachés à ce titre, percevaient les contributions spéciales destinées au patriarcat, mais n’exerçaient plus, en réalité, qu’une faible autorité. Même le droit qu’ils avaient possédé jusque-là d’exclure de la communauté juive ceux qui suivaient les pratiques chrétiennes leur fut enlevé. Sur l’instigation des évêques, les autorités civiles forcèrent, en effet, les patriarches et les chefs des communautés, appelés primats, à accueillir de nouveau parmi les Juifs les apostats qu’ils avaient exclus.

Cependant, malgré les excitations d’Ambroise et d’autres membres du clergé catholique, qui le poussaient à persécuter les ariens et autres hérétiques, Théodose le Grand (379-395) confirma aux patriarches et aux primats le privilège d’excommunier les membres indignes de la communauté et défendit, en général, aux fonctionnaires civils de s’immiscer dans les affaires religieuses