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délégués qui furent envoyés auprès de lui pour le chercher ; on en envoya d’autres, il les retint encore. Quand ils furent au nombre de dix, il fit une conférence devant eux, et ils l’acclamèrent Rèsch Metibta (455). Aha fut vivement affecté de son échec, il s’appliqua ce dicton : « Une fois que le malheur a frappé quelqu’un, il ne cesse de l’accabler de ses coups ! » C’est dans cette même année qu’éclata en Babylonie contre les Juifs une persécution sanglante qui se prolongea à travers tout le règne des derniers rois néo-perses.

Yesdigerd II (438-457) n’imita pas à l’égard des Juifs la tolérance de son prédécesseur, il leur défendit de célébrer le sabbat (456). Les bons rapports qui avaient existé jusque-là entre le gouvernement perse et les Juifs furent sans doute troublés par les mages qui, par leur fanatisme, exercèrent sur les rois de Perse la même influence néfaste que les conseillers ecclésiastiques sur les empereurs d’Orient, et qui, à l’instar des chrétiens, étaient animés d’un ardent désir de prosélytisme. Les documents de l’époque ne disent pas quel accueil les Juifs firent à la défense d’observer le sabbat. Il est probable qu’il ne leur était pas difficile d’éluder cette interdiction ; en tout cas, on ne mentionne aucun martyr à l’occasion de cette persécution. Yesdigerd fut tué l’année qui suivit la promulgation de son édit relatif au sabbat, et ses deux fils Chodar-Warda et Peroz se disputèrent la couronne, les armes à la main.

À cette époque, l’académie de Sora avait à sa tête Mar bar Aschi. Ce docteur jouissait d’une très grande autorité, et toutes ses décisions, sauf trois, reçurent force de loi, mais il ne semble pas avoir donné un bien grand éclat à l’école qu’il dirigeait. Continuant l’œuvre commencée par son père, il s’efforça d’achever la coordination du recueil talmudique, travail qui était d’autant plus urgent qu’une nouvelle ère de persécutions semblait s’ouvrir et que l’avenir n’était rien moins que certain. On connaît peu de chose du caractère de Mar bar Aschi, on sait seulement qu’il était d’une grande délicatesse de conscience. « Toutes les fois qu’un de mes collègues, dit Mar, comparaît devant mon tribunal, je quitte mon siège, parce que je considère les docteurs comme mes parents et que je crains de me montrer, à mon insu, trop partial à leur égard. »