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baptismaux. Il est vrai qu’il se contentait de conversions apparentes et permettait aux Juifs, après leur baptême, d’observer le sabbat ainsi que toutes les autres prescriptions du judaïsme.

Sous les derniers rois mérovingiens, la situation des Juifs s’aggrava encore. Clothaire II, qui, tout en ayant assassiné sa mère, est présenté par l’Église comme un modèle de piété, et qui réunit sous son sceptre tout l’empire des Francs, sanctionna les décisions du concile de Paris défendant aux Juifs d’exercer aucune fonction supérieure ou de servir dans l’armée (615). Son fils Dagobert manifesta également une violente haine pour les Juifs. Craignant de paraître moins dévot que le roi des Visigoths Sisebut, dont l’atroce persécution avait chassé des milliers de Juifs d’Espagne en France, il ordonna que tous les Juifs de son royaume acceptassent le baptême ou fussent traités en ennemis, c’est-à-dire tués (vers 629). La situation des Juifs s’améliora avec le déclin de la puissance des rois mérovingiens et l’accroissement de l’influence des maires du palais. Les prédécesseurs de Charlemagne comprirent combien l’activité et l’intelligence des Juifs pouvaient être profitables à l’État.

Les Juifs d’Allemagne venaient probablement de France, ils étaient établis en grande partie en Austrasie et subirent, par conséquent, pendant quelque temps, la même destinée que leurs frères des Gaules, car l’Austrasie se trouvait placée sous l’autorité des Mérovingiens. D’après un chroniqueur, les plus anciens Juifs des provinces rhénanes auraient été les descendants des légions germaines qui avaient pris part à l’incendie du temple et à la destruction de Jérusalem. Ces soldats auraient choisi, parmi les prisonniers juifs, les captives qui leur plaisaient, pour les emmener dans leurs cantonnements, sur les bords du Rhin et du Mein. Les enfants nés de ces unions auraient été élevés par leurs mères dans la religion juive et seraient ainsi devenus les fondateurs des premières communautés juives établies entre Worms et Mayence. En tout cas, il est certain que dans la ville de Cologne il y avait des Juifs longtemps avant que le christianisme ne fût devenu la religion officielle de l’empire romain. Les prédécesseurs de Constantin avaient accordé aux chefs et aux notables de la communauté juive de Cologne le privilège de n’avoir à supporter aucune des