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Juifs, qui rivalisaient avec eux de courage et d’énergie, les Arabes soutinrent le siège avec une grande bravoure et épuisèrent les assiégeants par d’incessantes sorties. Abou-Kariba lui-même tomba malade. C’est à ce moment que deux docteurs juifs de Yathrib, Caab et Assad, allèrent trouver le prince himyarite pour lui demander de pardonner à la ville et de lever le siège. Dans leur entretien avec Abou-Kariba, les deux docteurs lui exposèrent aussi les principes du judaïsme. Ils parvinrent sans doute à exciter au plus haut point l’intérêt du chef arabe pour leur religion, car celui-ci se convertit au judaïsme avec toute son armée. Sur son désir, Caab et Assad l’accompagnèrent au Yémen pour instruire son peuple dans la religion juive et l’y convertir ; ils y réussirent en partie. Cependant, les Himyarites et leur roi paraissent n’avoir été juifs que de nom, et le judaïsme n’exerça probablement aucune action sérieuse sur leurs sentiments et leurs mœurs. Un autre prince, Harith ibn Amrou, neveu du roi du Yémen et chef des Kendites, embrassa également le judaïsme avec sa tribu. Abou-Kariba le nomma vice-roi des Maaddites, près de la mer Rouge, et plaça les villes de La Mecque et de Yathrib sous sa domination.

Grâce aux nombreux marchands étrangers que leurs affaires appelaient dans le Yémen, les Juin des régions les plus éloignes apprirent bientôt qu’il existait un royaume juif dans la plus belle et plus fertile partie de l’Arabie. En réalité, le Yémen ne devint vraiment juif que sous le règne de Zorah Dhou-Nowas (520-530), le plus jeune fils ou le petit-fils d’Abou-Kariba. Dhou-Nowas, qui, dans son zèle pour la religion juive, ajouta à son nom celui de Yossouf (Joseph), était indigné de l’oppression qui pesait sur ses coreligionnaires de l’empire byzantin, et il résolut d’user de représailles envers l’empereur de Constantinople. Un jour que des marchands byzantins vinrent dans son royaume, il les fit pendre. Cette exécution, qui effraya les marchands chrétiens et porta un coup sérieux au commerce, alors très florissant, de l’Arabie, attira sur le Yémen de très graves difficultés. Un chef voisin, Aidoug, païen, reprocha au roi juif sa rigueur malencontreuse, qui arrêtait tout trafic entre l’Arabie et l’Europe, et lui déclara la guerre. Dhou-Nowas fut vaincu (521) mais non corrigé de son imprudence. La ville de Nedjran, dans le Yémen, dont la majeure partie de la