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sa femme Khadidja ; Waraka avait adopté les croyances juives et savait lire l’hébreu.

Les premières doctrines de Mahomet, conçues au milieu d’accès d’épilepsie et rapportées à un cercle restreint d’amis comme des révélations de l’ange Gabriel, portent un cachet absolument juif. À la base de l’islamisme, sa nouvelle religion, le prophète arabe place ce principe fondamental du Judaïsme : « Il n’y a d’autre dieu qu’Allah ; » ce n’est que plus tard que, dans un mouvement d’orgueil, il ajouta : « Et Mahomet est son prophète. » Déclarer comme le faisait Mahomet, que le dieu qu’il prêchait n’avait pas d’associé (contrairement au dogme de la Trinité) et qu’il ne voulait être adoré sous aucune forme matérielle, s’élever avec violence contre le culte rendu dans la Kaaba à trois cents idoles, flétrir les mœurs dissolues qui régnaient parmi les Arabes et l’usage barbare des parents de jeter les nouveau-nés du sexe féminin dans l’eau, et proclamer que ces doctrines n’étaient pas nouvelles mais appartenaient à la vieille religion d’Abraham, c’était affirmer publiquement le triomphe du judaïsme et la réalisation de cette prophétie qu’un jour viendra où tout genou fléchira devant le Dieu-Un, où toute bouche l’exaltera. Déjà Paul de Tarse avait été obligé, pour prêcher le christianisme aux Grecs, de leur faire connaître d’abord le judaïsme. La meilleure partie du Coran est empruntée à la Bible et au Talmud.

Quand Mahomet s’aperçut de l’insuccès de sa prédication à La Mecque, siège de l’idolâtrie, et du danger qu’il courait dans cette ville, il s’adressa à quelques habitants de Yathrib. Ceux-ci, en rapports fréquents avec des Juifs, trouvèrent les révélations de Mahomet moins étranges, parce qu’ils leur reconnurent un air de parenté avec le judaïsme, ils adhérèrent aux doctrines du nouveau prophète et l’engagèrent à venir à Yathrib. Mahomet se rendit dans cette ville en 622 ; c’est l’année de l’émigration ou l’hégire. Il y arriva pendant la fête de Kippour, et comme il vit que les Juifs jeûnent en ce jour, il établit le jeûne Aschura, disant qu’il appartenait plus aux Arabes qu’aux Juifs de jeûner. Pour gagner les bonnes grâces des Juifs, il ordonna de tourner la face (quibla) pendant la prière, vers Jérusalem, et, dans les différends qu’il avait à juger entre Juifs et Arabes, il se montrait toujours