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Chacun des trois chefs du judaïsme babylonien nommait les juges de son district. Ceux-ci recevaient de leur chef hiérarchique un diplôme qui leur donnait le titre de dayyan et le droit de statuer non seulement sur des points de droit civil mais aussi sur des questions religieuses ; en même temps que juges, ils étaient aussi rabbins. Le juge se choisissait parmi les membres de la communauté deux assesseurs (Zehénim), qui formaient avec lui le tribunal des juges-rabbins. C’est ce tribunal qui légalisait les pièces judiciaires, telles que contrats de mariage, lettres de divorce, lettres de change, actes de vente ou de donation. Le juge remplissait aussi l’emploi de notaire de la communauté, et, pour ces diverses fonctions, il recevait un traitement fixe payé par la communauté, des honoraires pour chaque acte qu’il dressait, et, enfin, il prélevait chaque semaine une somme déterminée sur la vente de la viande. Ce fonctionnaire avait probablement aussi la surveillance des écoles.

L’organisation de la communauté juive en Babylonie, qui a servi de modèle à tout le judaïsme et s’est conservée en partie jusqu’à nos jours, était établie sur les bases suivantes. À la tête de la communauté, se trouvait une commission chargée de soigner les intérêts généraux et de distribuer des secours aux pauvres ; elle était composée de sept membres, appelés Parnessè ha-Knéssét. La surveillance de la communauté était confiée au délégué de l’exilarque ou de l’un des deux chefs d’académie. C’est ce délégué qui prononçait les châtiments contre les coupables ; il pouvait infliger deux sortes de châtiments, la bastonnade et l’excommunication. Cette dernière punition n’a été appliquée chez les Juifs ni aussi fréquemment ni aussi arbitrairement que chez les chrétiens, mais chez les premiers aussi on l’a trop souvent employée. L’excommunication simple atteignait ceux qui ne voulaient pas se soumettre à quelque usage religieux ou à quelque ordre des autorités ; les conséquences n’en étaient pas très graves, car ni les étrangers, ni surtout les membres de sa famille n’étaient tenus de s’éloigner de l’excommunié. Ce dernier persistait-il au bout de trente jours dans son insubordination, il était frappé de l’excommunication majeure. Ses amis les plus intimes s’éloignaient alors de lui, il était isolé au milieu de la société et traité en