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destruction du temple, et l’aurait perdu pendant la fête des Illuminations, célébrée en souvenir des victoires des Asmonéens. Elle aurait interprété le deuil des Judéens comme un acte d’hostilité et de malveillance et leur joie comme une cruelle raillerie, et elle aurait écrit à Trajan qu’au lieu de faire la guerre aux Barbares il devrait plutôt châtier les Judéens rebelles.

Les chefs de l’insurrection paraissent avoir été Julien Alexandre et Pappos. Le premier était ou alabarque d’Alexandrie ou parent de l’alabarque, il descendait du célèbre Alexandre Lysimaque. Son compagnon et lui jouissaient auprès des Judéens d’une très grande considération. Les insurgés paraissent s’être réunis en Judée, dans la plaine de Rimmon ou dans la grande plaine de Jezréel. Il n’existe aucune donnée certaine sur les préparatifs et les diverses péripéties de cette lutte, l’issue seule en est connue. Ce furent les Judéens de la Cyrénaïque, ces patriotes indomptables qui s’étaient déjà soulevés une première fois, immédiatement après la destruction du temple, sur les instigations des zélateurs, contre la domination romaine, qui se battirent avec le plus d’acharnement. Leur chef s’appelait, d’après les uns, Andreias, d’après les autres, Lucuas. Il est probable que l’un de ces noms était allégorique. Les Judéens d’Égypte, qui jadis avaient été dévoués aux intérêts romains, s’étaient également associés au soulèvement. Cette insurrection suivit au début le cours régulier de ces sortes de mouvements. Les rebelles attaquèrent d’abord les voisins de leur ville, massacrèrent les Grecs et les Romains et vengèrent sur leurs ennemis les plus proches l’effondrement de leur État. Enhardis par le succès, ils se réunirent en bandes et attaquèrent les légions romaines conduites par le général Lupus. Dans la première rencontre, l’ardeur et la farouche énergie des Judéens eurent raison de l’habileté stratégique et de la discipline des Romains. Lupus fut obligé de battre en retraite. Ce premier combat fut accompagné de massacres épouvantables ; vainqueurs et vaincus se livrèrent à des actes de barbarie et de sauvage cruauté qu’expliquait seul chez les insurgés une implacable haine de race, longtemps contenue, qui ne pouvait s’assouvir que dans le sang. Les païens qui s’étaient enfuis après la défaite pénétrèrent dans Alexandrie, dont tous les habitants juifs capables de porter