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balistes romaines lançaient sur l’armée judaïque. Nulle part il n’est accusé de s’être fait passer pour Messie par ambition personnelle, il ne poursuivait que le but glorieux de reconquérir la liberté de son peuple, rendre à sa race son ancienne splendeur, et expulser définitivement l’étranger de son pays. Un homme d’une audace aussi généreuse et doué des plus hautes qualités militaires, aurait mérité, malgré son insuccès, d’être jugé avec plus d’équité. La postérité s’est laissé égarer sur son compte par les relations ennemies et n’a trouvé pour lui que des paroles de blâme et de mépris.

Les Judéens de tous les pays accoururent en foule pour se grouper autour de Barcokeba et prendre part au soulèvement, les Samaritains eux-mêmes vinrent se joindre à leurs anciens adversaires. Il y eut même des païens qui se rangèrent sous le drapeau du roi Messie dans l’espoir d’abattre le despotisme de Rome. Une source judaïque évalue le nombre des insurgés à 400 000, et l’historien païen Dion Cassius à 580 000, et certes ces chiffres ne paraissent pas exagérés. Le colosse romain tout entier semblait être secoué par une commotion puissante et menacé d’une complète destruction. Barcokeba, confiant dans sa valeur et son immense armée, se crut invincible, et il proféra ces paroles orgueilleuses : « Seigneur, si tu ne veux pas nous secourir, abstiens-toi, du moins, de protéger nos ennemis, et nous serons sûrs de la victoire. »

À un déploiement de forces aussi considérable, Tinnius Rufus, qui était alors gouverneur de la Judée, ne put opposer que des troupes peu nombreuses. Les légions romaines durent reculer devant ce Messie intrépide, qui n’avait qu’à frapper le sol du pied pour en faire sortir des soldats. Rufus battit en retraite, abandonnant aux insurgés une forteresse après l’autre. Au bout d’une année (132-133), 50 places fortes et 985 villes ouvertes et villages étaient entre les mains des Judéens, qui eurent bientôt conquis sur les Romains la Judée tout entière, la Samarie et la Galilée.

Adrien considéra d’abord ce soulèvement comme un mouvement sans importance. Lorsqu’il apprit les défaites répétées de ses troupes, il envoya en Judée des légions de la Phénicie, de l’Arabie et de l’Égypte. Ces renforts étaient commandés par ses meilleurs