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de Seigneur, le Sanhédrin ordonna de prononcer de nouveau le tétragramme comme dans les temps les plus anciens, et de l’intercaler dans la formule de salut qu’on s’adressait en s’abordant.

Le nouvel État réorganisé par Barcokeba avait déjà près de deux années d’existence (été 132-134). Adrien suivait avec anxiété les progrès de la révolution en Judée, et il craignait qu’elle n’eût des effets désastreux pour l’empire romain. Tous les renforts qu’il avait envoyés contre elle avaient été battus, ses meilleurs généraux avaient perdu leur gloire sur les champs de bataille de la Judée. Il dut rappeler de la Bretagne, qui s’était également révoltée contre Rome, le plus habile général de son époque pour l’envoyer contre les Judéens. Jules Sévère lui parut être le seul guerrier qui pût se mesurer avec Barcokeba. En arrivant sur le théâtre de la guerre, Sévère trouva les Judéens établis dans des positions si habilement choisies et si fortes qu’il n’osa pas leur livrer immédiatement bataille. Pendant toute cette guerre, les Judéens s’appuyèrent surtout contre le pays qui s’étendait le long de la Méditerranée et dont la ville de Betar occupait le centre. Le circuit de cette place forte devait être immense, si l’on songe à la population considérable qui y était enfermée pendant le dernier acte de ce drame terrible. On raconte que Betar avait déjà une certaine importance même avant la destruction du temple.

En dehors de Betar, Barcokeba avait encore mis plusieurs autres points en état de défense, et il en avait probablement confié la garde à des gouverneurs spéciaux. Au nord, près de la haute Galilée, à l’entrée de la grande plaine de Jezréel (Esdrelome), se dressaient trois forteresses qui formaient presque un triangle depuis la Méditerranée jusqu’au lac de Tibériade. À l’ouest, tout près d’Acco, se trouvait Kabul, ou Chabulon, à trois milles de là, au sud-est, s’élevait la forteresse de Sichin, et à la même distance, du côté de l’est, prés de Tibériade, était Magdala. Ces trois villes, Kabul, Sichin et Magdala, étaient très peuplées et elles formaient des postes avancés qui devaient empêcher les Romains d’envahir la Judée par la Syrie et la haute Galilée. Une autre place que Barcokeba avait mise en état de défense fut la ville de Tur-Simon, ainsi nommée de Simon l’Hasmonéen.

Jules Sévère jugea d’un coup d’œil la situation. Après s’être