Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 4.djvu/246

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toute perspicacité et toute profondeur. Étudier le Talmud, dit. encore le Zohar, c’est user péniblement ses forces contre une roche très dure, qui, après d’âpres labeurs et des coups nombreux (allusion au rocher que Moïse a frappé), laissera sortir quelques rares gouttes d’eau ; la Cabale, au contraire, est une source jaillissante, à laquelle il suffit de dire un mot pour obtenir en abondance une eau limpide et vivifiante. Enfin, pour le Zohar, le Talmud est un vil esclave et la Cabale une merveilleuse princesse.

Le Zohar produisit une profonde sensation parmi les cabalistes ; chacun d’eux voulait en avoir une copie. Moise de Léon eut de la peine à satisfaire à toutes les demandes. Pour expliquer l’apparition subite de cette œuvre soi-disant rédigée par un ancien docteur, et dont, cependant, aucun écrit ne fait mention, on racontait que Nahmani l’avait découverte en Palestine et envoyée en Catalogne, d’où un vent violent l’avait portée dans le pays d’Aragon et fait tomber entre les mains de Moise de Léon. Tous les cabalistes d’Espagne parlaient avec vénération de ce livre merveilleux, et ceux même qui hésitaient à en attribuer la paternité à Simon ben Yohaï le considéraient comme un document de très grande vapeur pour la connaissance de la doctrine secrète. Quand, après les massacres qui eurent lieu lors de la prise de sa ville natale, Isaac vint de Saint-Jean-d’Acre en Espagne et y apprit tout ce qu’on racontait au sujet du Zohar, il fut étonné, lui qui était né en Palestine et y avait eu des relations avec les disciples de Nahmani, de n’en avoir jamais entendu parler. Il fit part de ses doutes à Moïse de Léon. Celui-ci lui affirma par serment qu’il possédait dans sa demeure, à Avila, un ancien exemplaire de cet ouvrage écrit de la main de Simon ben Yohaï, et qu’il le lui montrerait. Mais il mourut avant d’avoir pu réaliser sa promesse. Deux personnages respectables apprirent pourtant la vérité de la bouche de la femme et de la fille de Moise de Léon. Elles leur déclarèrent que Moïse de Léon lui-même était l’auteur du Zohar et en avait fait de nombreuses copies pour gagner de l’argent. Malgré cette déclaration, le Zohar conserva son prestige et son autorité.

Bien des personnes s’enthousiasmeront pour le Zohar, quand