Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 4.djvu/79

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chef morabethique Youssouf ibn Teschoufin. Celui-ci répondit à l’appel, mais au lieu de la délivrance, il apporta aux princes d’Andalousie la défaite et l’asservissement. Son armée, augmentée du contingent des provinces musulmanes d’Espagne, était très nombreuse. Alphonse, de son côté, réunit des troupes considérables.

Dans les deux camps combattaient de nombreux Juifs, coiffés tous de turbans noirs et jaunes : on en évalue le nombre à quarante mille. Quand les deux armées furent en présence et que toutes les dispositions étaient prises pour livrer bataille le jour même (vendredi, 28 octobre 1086), Alphonse proposa de remettre la lutte au lundi suivant pour ne pas combattre le vendredi, ni le samedi, ni le dimanche, jours de repos des musulmans, des juifs et des chrétiens. Youssouf y consentit. Alphonse, qui n’avait fait accepter ce délai que dans l’espoir de pouvoir surprendre les musulmans, tomba subitement sur eux le vendredi même. Mais ils étaient sur leurs gardes. C’est alors que se livra la bataille de Zalaca, qui se termina à l’avantage des musulmans et où la plus grande partie de l’armée d’Alphonse fut détruite. Les Almoravides d’Afrique profitèrent seuls de cette victoire, ils humilièrent et opprimèrent à la fois les vaincus et les princes mahométans qui les avaient appelés à leur aide.

Dés lors, l’Espagne méridionale devint le théâtre de luttes sanglantes, auxquelles prirent part les Almoravides, Alphonse et le fameux chevalier Rodrigues Cid, immortalisé par les romances et le théâtre. Les Juifs souffrirent cruellement de ces guerres continuelles, mais pas plus que les autres habitants. Ils n’eurent pas à subir de persécutions religieuses. En déclarant la guerre sainte aux chrétiens, les Almoravides ne poursuivaient qu’un but politique, ils n’étaient nullement fanatiques. Sous leur domination, les Juifs de Grenade rentrèrent même eu possession des biens dont ils avaient été dépouillés vingt ans auparavant sous le règne de Badis.

Ce fut à l’époque de ces troubles qu’Isaac Alfasi, accusé sans doute d’un délit politique, fut contraint d’abandonner la ville de Kala-ibn-Hammad, où il demeurait et qui faisait partie du royaume de Youssouf, pour se réfugier en Espagne. Il s’établit à Cordoue (1088), ville qui appartenait alors à Almoutamed, dont les rapports avec Youssouf étaient extrêmement tendus. Un homme très estimé