Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 5.djvu/122

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l’alliance étroite du fini avec l’infini. Toutes les âmes appelées à apparaître dans ce monde, dit-il, ont été créées en même temps qu’Adam, mais elles émanent de formes ou d’organes plus ou moins nobles, selon la destination qu’elles dorent recevoir. Le cerveau, les yeux, les oreilles, les mains et les pieds ont leur âme spéciale. Chacune de ces âmes est une émanation ou une étincelle, niçouç, d’Adam. À la suite du premier péché d’Adam, — la Cabale se voyait forcée d’admettre, elle aussi, le péché originel — le bien et le mal, c’est-à-dire les âmes inférieures et supérieures se sont mêlées, de sorte que les êtres les plus purs portent aujourd’hui en eux un élément mauvais, sont couverts d’une écorce, kelifa. Le monde ne pourra redevenir complètement bon que lorsque les conséquences du péché originel auront disparu, quand le bien et le mal auront de nouveau été séparés. Les plus mauvaises d’entre les âmes du réservoir ont été attribuées aux païens, tandis que l’élite de ces âmes est passée dans le peuple juif, mais ni les païens ne sont complètement mauvais, ni les Juifs ne sont complètement bons. C’est seulement avec l’arrivée du Messie que la situation morale redeviendra ce qu’elle a été avant l’accomplissement du premier péché et que le bien sera totalement séparé du mal. Pour que cet événement puisse se produire, il est nécessaire que les âmes, surtout celles des Israélites, passent par divers corps d’hommes et d’animaux, et même vivent parfois dans des fleuves, du bois ou des pierres. La doctrine de la métempsycose forme le centre du système cabalistique de Louria. Toutes les âmes, même celles des plus pieux, sont condamnées, d’après Louria, à passer par d’autres corps, car, actuellement, nul homme ne fait toujours le bien et, par conséquent, nulle âme n’est parfaitement pure.

Comme les hommes sont constamment incités au péché, le bien et le mal resteront mêlés pendant fort longtemps. Il existe pourtant un moyen de faire disparaître plus vite les conséquences du péché originel et de rendre à l’esprit du bien son influence. Le moyen préconisé par Louria est peut-être la partie la plus originale de sa théorie ; c’est l’association des rimes. Une âme, même purifiée, a-t-elle négligé d’accomplir ici-bas quelque devoir religieux,