Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 5.djvu/132

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les deux plus célèbres mathématiciens et astronomes de ce temps, Kepler et Tycho Brahé, il écrivit plusieurs travaux en hébreu sur ces sciences- Il s’est surtout fait connaître par sa chronique Cémah David, qui raconte année par année les faits de l’histoire juive et de l’histoire générale. Cette œuvre n’a pas une tris grande valeur : c’est une nomenclature sèche des événements, dans le genre des chroniques des moines peu instruits du moyen âge. Du moins Gans eut-il le mérite de rappeler à ses coreligionnaires qu’il existe encore d’autres études intéressantes que celle du Talmud.

Grâce à ces trois notabilités rabbiniques, Schachna, Salomon Louria et Isserlès, la réputation des écoles talmudiques de Pologne s’étendit dans toute l’Europe. D’Allemagne, de la Moravie, de la Bohème et même de l’Italie et de la Turquie, on consultait ces rabbins sur tout cas difficile. Ils durent intervenir dans les différends qui avaient éclaté à Prague et que les rabbins de cette ville avaient été impuissants à apaiser, ils réussirent aussi à mettre tin aux violentes querelles qui divisaient alors la communauté de Francfort-sur-le-Mein et menaçaient de provoquer l’expulsion ou, au moins, la persécution des Juifs.

Une autre conséquence de l’influence de ce triumvirat fut que, peu à peu, tous les Juifs polonais se consacrèrent aux études talmudiques et devinrent aptes à remplir les fonctions de rabbin. Dans une communauté de cinquante membres, on trouvait une vingtaine de talmudistes et une école talmudique fréquentée par une trentaine d’élèves. Soutenues par les communautés ou de riches particuliers, le nombre des écoles s’accrut démesurément, et, en même temps, celui des élèves. Les études talmudiques accaparèrent toutes les intelligences dès l’âge le plus tendre. On nomma des surveillants, chargés de stimuler le zèle de tous ces jeunes gens (Bekourim). À la fin, on élabora un programme général pour toute la Pologne, qui fut appliqué presque jusqu’à notre époque.

D’après ce programme, après chaque semestre, les maîtres se rendaient avec leurs élèves aux foires du pays, l’été à Çaslaw et à Iaroslaw et l’hiver à Lemberg et à Lublin. Il se formait ainsi des réunions de plusieurs milliers d’étudiants, où l’on argumentait