Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 5.djvu/135

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avec leurs disciples et leur suite, pour des discussions talmudiques, lors des principales foires du pays, ils étaient amenés à examiner ensemble de très importantes questions, à apaiser des différends, à aplanir des difficultés et à prendre des décisions concernant le judaïsme polonais. Éclairés par l’expérience sur l’utilité de telles assemblées, ils résolurent de convoquer régulièrement les administrateurs des communautés pour délibérer en commun sur les affaires de leurs coreligionnaires. C’est ainsi que les représentants des Juifs de la petite et de la grande Pologne et de la Russie se réunissaient en synode, à des époques déterminées, dans les villes de Lublin et de Iaroslaw. Les débats étaient dirigés par un président, qui consignait les résolutions prises dans un procès-verbal. Dans ces synodes, on examinait les litiges des communautés, les questions d’impôts, les mesures à prendre pour écarter certains dangers ou venir efficacement en aide aux nécessiteux. On y exerçait également la censure sur les livres, dont les uns pouvaient être imprimés et vendus et les autres étaient interdits. Plus tard, les Juifs de la Lithuanie envoyèrent également leurs délégués à ces assemblées, qui prirent alors le nom de synodes des quatre pays, en hébreu, Waad arba araçot.

Ces synodes eurent les plus heureuses conséquences pour le judaïsme polonais. En Pologne comme au dehors ils jouirent d’une très grande considération, et l’on s’adressait à eux, même de l’Allemagne, pour régler les différends et rétablir la concorde dans les communautés. Chose remarquable, les hommes qui, pendant plus d’in siècle, dirigèrent ces synodes et dont le nom aurait mérité 4e passer à la postérité sont restés inconnus, comme s’ils avaient voulu effacer leur personnalité devant l’œuvre à accomplir. On ne tonnait même pas ceux qui, les premiers, entreprirent la tâche si utile, mais si difficile quand il s’agit de Juifs et de Polonais, de soumettre toutes les communautés à une autorité supérieure et d’organiser des synodes. Selon toute apparence, le premier organisateur fut le rabbin Mardokhaï Yafo, originaire de la Bohème (né en 1530 et mort en 1612). Obligé d’émigrer dans sa jeunesse, Yafa s’était rendu à Venise. Là, il fut sans doute profondément affligé des persécutions dirigées par l’Inquisition