Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 5.djvu/139

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qui ne visait à rien moins qu’à exterminer tous les adversaires de l’Église. Ce fut du Vatican que partit le signal des guerres civiles qui décimèrent l’Allemagne, la France et les Pays-Bas. Comme les Juifs, depuis Paul IV et Pie V, étaient également considérés comme hérétiques, ils souffrirent naturellement, eux aussi, de ce fanatisme. Peu à peu leur nombre diminua en Italie. Dans le Sud, on n’en trouva bientôt plus, et, au Nord, les grandes communautés de Venise et de Rome ne comptèrent plus respectivement que deux mille et quinze cents âmes.

Au pape Pie V avait succédé Grégoire XIII (1572-1585), qui, sous l’influence des Jésuites et des Théatins, suivait les exemples d’intolérance de son prédécesseur. Malgré des prohibitions répétées, il y avait encore en Italie des chrétiens qui aimaient mieux recourir aux soins d’habiles médecins juifs, tels que David de Pomis et Elia Montalto, qu’à ceux de mauvais praticiens catholiques. Grégoire XIII s’en montrait très irrité. Non seulement il renouvela l’ancienne loi canonique défendant à des malades chrétiens de se taire soigner par des médecins juifs, mais A interdit aussi à ces derniers, sous les peines les plus sévères, de donner leurs soins à des malades chrétiens. Une autre de ses lois atteignit tous les Juifs d’Italie, sans exception. Il plaça, en effet, le judaïsme italien sous la terrible surveillance de l’Inquisition. Tout Juif qui émettrait un propos hérétique, c’est-à-dire désagréable à l’Église, ou qui entretiendrait des relations avec un hérétique ou un renégat catholique, serait appelé à comparaître devant l’Inquisition et pourrait être condamné à perdre sa fortune, sa liberté et même sa vie. Si donc un Juif d’Italie s’avisait de venir en aide à un pauvre Marrane fugitif d’Espagne ou de Portugal, tous deux, s’exposaient aux rigueurs de l’Inquisition. Le Talmud aussi fut persécuté par Grégoire XIII. Ceux qui possédaient des exemplaires du Talmud ou d’autres ouvrages réputés hostiles à l’Église, même expurgés par la censure, étaient passibles d’une forte amende.

Grégoire XIII s’attacha surtout à encourager la conversion des Juifs. Il ordonna que, les jours de sabbat et de fête, des prédicateurs chrétiens prêchassent en langue hébraïque, si possible, sur les dogmes du christianisme, et que les Juifs des deux sexes, à partir de l’âge de douze ans, fussent obligés d’assister